La multiplication des témoignages de victimes de violences sexistes et sexuelles au sein des Instituts d’Etudes Politiques, dont Sciences Po Lille, doit impérativement faire réagir les associations qui les composent. Par cette lettre, nous, membres et responsables d’associations, adressons aux étudiant.e.s, à l’administration, aux professeur.e.s, notre engagement formel mais surtout concret contre les violences sexistes et sexuelles. Nous sommes prêt.e.s à engager des actions profondes et ambitieuses dans nos fonctionnements, à travailler avec une administration impliquée et courageuse, à reconnaître notre responsabilité centrale dans l’éradication de toutes ces formes de violence au sein de notre établissement.
À toutes les victimes. Nous vous croyons. Nous vous soutenons.
La multiplication des témoignages de victimes ayant subies des violences sexistes et sexuelles, notamment sous le hashtag #SciencesPorcs et par l’intermédiaire du compte Instagram Memespourcoolkidsfeministes, a soulevé un problème existant de longue date au sein des IEP, mais encore trop peu écouté. Car plus qu’une libération de parole, ce sont en réalité, les oreilles de chacun.e qui s’ouvrent à des situations qui incarnent un problème ancien et profond. La réaction de l’administration de Sciences Po Lille et la nôtre aujourd’hui, ne doivent donc pas faire oublier qu’au vue de l’ampleur des choses, celles-ci demeurent trop tardives.
Elles mettent ainsi en exergue l’insuffisance des évolutions existantes depuis deux ans environ à Sciences Po Lille. La Commission Egalité de Genre, du côté de l’administration reste encore trop peu connue et les structures d’écoute ne sont pas assez légitimées. Du côté des associations, le travail accompli notamment sous l’impulsion primordiale de l’association Bon Chic Bon Genre et du syndicat Sud-Solidaires en lien avec les autres associations, a permis des changements. La modification des chants de supporters avec le Bureau des Sports, la naturelle parité des responsables de Bureaux, les différentes chartes d’engagement signées par les responsables d’associations, les safe zones mises en place lors des principaux évènements, les responsables consentement prévus pour le CRIT, finalement annulé de 2020.
Nos associations, trop longtemps aveugles, doivent assumer leur part de responsabilité face au terrible constat actuel
Mais face à l’ampleur des témoignages, il est de notre responsabilité de constater que cela n’a pas suffi et que cela ne suffira plus. Si une sincère volonté de combattre toute forme de violence semblait se dégager ces dernières années, nos associations, trop longtemps aveugles, doivent assumer leur part de responsabilité face au terrible constat actuel. Ce qui n’enlève rien, de la même manière, aux manquements majeurs de l’administration.
De profonds changements doivent être entrepris et les responsables d’associations seront la clef de voûte d’une restructuration, sous l’initiative d’une administration qui se devra, elle aussi, d’être exemplaire. En ce sens, nos réactions, aussi tardives soient-elles, seront fortes. Le mail du directeur Pierre Mathiot et les mesures qui y sont évoquées s’inscrivent dans cette volonté. Car travailler de manière constructive nécessitera d’impliquer l’ensemble des personnes de l’école, symbole d’une prise de conscience globale. La Commission Egalité de Genre (CEG) devra y trouver un rôle majeur.
Nous ne céderons ni face aux agresseurs ni face aux violeurs, mais nous avons le devoir de réfléchir comment empêcher toute violence sexiste et/ou sexuelle en amont, pour produire des activités sereines pour tout.e.s
Concrètement, la CEG pourrait se prononcer sur les conditions de la tenue ou non d’évènements associatifs majeurs qui ont à ce jour concentré un nombre important et répété de violences. Une refonte complète du CRIT s’impose : il ne peut être maintenu tel qu’il existe actuellement ; la quantité d’alcool lors des galas et de l’intégration également. Les safe zones doivent être repensées : ce n’est pas seulement à des étudiant.e.s d’en assurer la tenue. L’administration s’est trop reposée sur la volonté de quelques unes.
Dans la lignée de propositions des membres étudiant.e.s du CA mais également de ce que garantit la Charte Egalité de Genre adoptée fin 2017, les responsables d’associations devront être formé.e.s pour prévenir, écouter et agir face à ces situations. Maintenir nos évènements vecteurs d’une indispensable socialisation dans notre vie étudiante doit s’allier avec une responsabilité fondamentale sur toute forme de violence. Non sans lien, il faut enfin se concentrer sur l’atmosphère globale que produisent les dérives malsaines du corporatisme. Nous ne céderons ni face aux agresseurs ni face aux violeurs, mais nous avons le devoir de réfléchir comment empêcher toute violence sexiste et/ou sexuelle en amont, pour produire des activités sereines pour tout.e.s. En aval, il est du ressort de la direction de mettre fin à toute impunité, avec la plus grande fermeté.
Dès maintenant, nous sommes ouvert.e.s à former des groupes de travail pour réfléchir efficacement à des mesures concrètes
L’ambition de cette lettre n’a ainsi en aucun cas pour objectif de maintenir une quelconque « bonne image » de nos associations mais bien d’agir concrètement face à nos responsabilités. Nous attendons de l’administration de l’école qu’il en soit de même, pour que nous puissions avancer ensemble, dans l’intérêt de toutes les personnes présentes à Sciences Po Lille. Dès maintenant, nous sommes ouvert.e.s à former des groupes de travail pour réfléchir efficacement à des mesures concrètes telles que celles mentionnées ci-dessus, ne constituant pas une liste aboutie. Préparer une campagne de sensibilisation ambitieuse constituerait par exemple un premier pas vers un combat bien plus profond.
Nous avons pris la mesure de l’urgence. Nous voulons y répondre d’une manière forte et unitaire.
35 des associations de Sciences Po Lille
La Manufacture, journal étudiant indépendant et collaboratif
Maïdan, association de promotion de la culture du Maghreb et du Moyen-Orient
Le Moulin à Disques (MAD), collectif lillois de promotion musicale
Le Bureau des Arts (BDA)
Bon Chic Bon Genre (BCBG), association féministe et LGBT+
Le Bureau des Elèves (BDE)
L’Arène de l’IEP, association de débats et de simulations politiques
Le Bureau des Sports (BDS)
MunWalk, association de Model United Nation
Iniciativa, association de promotion de la culture hispanique
Visions d’Europe, association de promotion du débat sur l’Europe
Méla’Lille, association de promotion de l’Afrique et des Caraïbes
Inter’Agir, association de soutien aux personnes vulnérables de la métropole lilloise
La Déroute des Vins, association d’œnologie
Brook’Lille, association de promotion de la culture urbaine
La Ruche, association de promotion des comportements éco-responsables
La Pédale Palienne, association dédiée au développement du vélocipède
Bureau des Internationaux (BDI)
SPL TV, le média télé de Sciences Po Lille
Le Jeu de l’Oie, revue internationale de Sciences Po Lille
Enactus, ONG de promotion de l’esprit d’entreprise et de la responsabilité sociale
Le Bec et la Plume, association de promotion de l’art oratoire
Ar.t.ches, association d’art contemporain
La Bobine, association de promotion de la photographie argentique
Homoecolorictus, association organisatrice de conventions étudiantes pour le climat
Les Ch’tis Paniers Bio, association de promotion de l’agriculture bio, de saison et locale
La Junior Conseil, mise en relation des étudiants avec des entreprises, institutions et associations pour la réalisation de missions de conseil
Les Neveux de Thalie, association de théâtre
Le Chaudron, collectif de luttes féministes intersectionnelles
L’association de Santé Publique
Each One
Les associations politiques
Alter’Eco
Ensemble SPL
LREM Sciences Po Lille
Avenir SPL
La Manufacture est une association apartisane. Elle a proposé à l’ensemble des associations de Sciences Po Lille de signer cette lettre ouverte.
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La violence progresse partout, dans tous les domaines de la société , avec force et rapidité.
Combien de vies ont-elles été détruites suite à des « bizutages » étudiants ?
Il y a des coutumes cruelles et barbares à éradiquer.