L’urbanisation de la ville ne voit pas de fin alors que ce processus ne sera probablement pas adapté aux urgences de la ville de demain. Or, il ne manque pas d’idées pour transformer des villes de manière plus durables, plus modernes et plus appropriées pour la vie humaine.
La ville est aujourd’hui perçue comme cadre de vie pour la plupart des personnes : c’est habiter, c’est travailler, c’est rencontrer des gens, c’est participer à des évènements, c’est profiter de la vie. Les humains se sont appropriés de la ville pour l’adapter à leurs besoins et leurs désirs. Alors que les villes n’occupent que 2 % des terres disponibles sur notre planète, plus de 54 % d’entre nous y vivent actuellement.
Or, la densification accrue des zones urbaines entraine des conséquences cruciales pour le climat. Si l’impact environnemental de millions de personnes vivant à proximité les unes des autres est clairement visible dans les niveaux de pollution, la demande accrue en eau et la forte consommation d’électricité, l’effet « îlot de chaleur urbain » est un impact plus subtil que les villes peuvent avoir sur leurs habitant.e.s et leur environnement immédiat.
L’effet d’îlot de chaleur urbain
La ville fonctionne comme un petit radiateur, explique Anne Ruas, une géographe connue. Pendant la journée, les bâtiments et les routes emmagasinent de la chaleur, qu’ils restituent une fois la nuit tombée. La ville n’a alors plus le temps de se rafraîchir et les habitants cuisent dans leur appartement. Ce mécanisme est appelé « l’effet d’îlot à chaleur urbain ».
Londres, par exemple, a enregistré des températures jusqu’à 6 degrés Celsius supérieures à celles des comtés environnants. Avec les développements intensifs des zones urbaines et les impacts du réchauffement climatique de plus en plus évidents, cet effet devient encore plus visible : Paris devrait voir sa température moyenne augmenter de 2 à 4 degrés dans les prochaines décennies.
Comment agir ?
Conscientes de la nécessité d’agir, de nombreuses villes dans le monde prennent maintenant des mesures pour réduire leurs températures et développer un environnement urbain plus durable. L’un des moyens les plus pratiques de réduire la température d’une ville est de concevoir des bâtiments dont le fonctionnement nécessite moins d’énergie. Cependant, bien que de nombreux pays aient modifié leurs réglementations en matière de construction pour favoriser un développement urbain plus durable, il faudra probablement attendre plusieurs décennies avant que ces mesures aient un impact significatif.
Parmi les principaux facteurs contribuant à l’effet d’îlot de chaleur urbain figurent les nombreuses surfaces sombres de nos villes qui absorbent, puis restituent la chaleur. Pour tenter de combattre ce phénomène, les autorités de Los Angeles ont lancé le « Cool Pavement Pilot Project ». L’idée est de peindre les routes en blanc afin qu’elles réfléchissent la chaleur du soleil au lieu de l’absorber, et a été adoptée par d’autres villes américaines. Une initiative qui pourrait énormément transformer le vaste réseau routier de la ville.
Une autre mesure qui donne une idée de l’apparence de la ville future concerne non pas le sol que les visitant.e.s et habitant.e.s de la ville utilisent pour être mobile mais les toits qu’ils regardent quand iels lèvent la tête. En 2001, l’hôtel de ville de Chicago a installé un toit vert. Six ans plus tard, on a pu constater que la température de surface du toit de l’hôtel de ville était inférieure de 21 degrés Celsius à celle des bâtiments voisins.
La ville de demain – Une ville verdie
D’autres villes ont suivi. Les architectes et les ingénieur.e.s font jouer leur créativité avec ce concept et intègrent des arbres entiers dans les structures bâties. Le « Bosco Verticale » de Milan contient des centaines d’arbres et de plantes sur tous ses niveaux qui régulent la température du bâtiment tout en aidant à combattre la pollution de la ville. Si l’adaptation des toits de cette manière peut être complexe, coûteuse et longue, l’agrandissement du toit de feuilles d’une ville par le biais de parcs, d’espaces verts et de la plantation d’arbres supplémentaires le long des cours d’eau est un moyen pour les autorités d’avoir un impact significatif sur la baisse des températures.
Avant tout, les urbanistes s’entendent sur le fait que la ville de demain devrait devenir une ville éponge qui permet de stocker de l’eau quand il pleut et de refroidir la ville par son évaporation en période de chaleur. Mais, pour que cela puisse fonctionner, il faut protéger les surfaces où habitent beaucoup de personnes (et où veulent construire des gens), voire enlever le béton des surfaces pour soutenir le verdissement des villes. Un impératif qui est aujourd’hui trop souvent méconnu au profit des parkings, des maisons individuelles et encore des fabriques industrielles.
Une transformation qui ne devrait plus attendre
Pour qu’on puisse continuer à habiter et à travailler, à rencontrer des gens et à participer à des évènements, pour qu’on puisse continuer à profiter de la vie, peut-être qu’il faut prendre en compte les besoins des générations à venir qui, de toute façon, connaîtront beaucoup mieux les extrêmes météorologiques. Peut-être qu’il faut continuer à adapter la ville aux humains justement cessant de l’urbaniser et en lui donnant des espaces pour respirer. Peut-être que la ville qui sert les besoins des humains de demain est une ville dont nous nous approprions moins. Et, qui sait, peut-être que cette ville de demain pourrait déjà servir nos aspirations d’aujourd’hui, mieux que ce que l’on pourrait croire.
Léa Becker