Le 25 février avait lieu le premier débat des municipales à Sciences Po Lille entre 5 candidats lancés dans la conquête du Beffroi : Martine Aubry (PS), Stéphane Baly (EELV), Marc-Philippe Daubresse (LR), Julien Poix (France Insoumise) et Violette Spillebout (LReM). C’est l’occasion pour nous de revenir sur la campagne du candidat investi par Les Républicains : Marc-Philippe Daubresse. Néanmoins, précisons que ce dernier souhaite rassembler au-delà du périmètre de son parti puisqu’il a été rejoint par Valérie Petit (députée LReM) et Thierry Pauchet (Divers droite). D’ailleurs, le logo des Républicains n’apparaît pas sur ses affiches de campagnes.
Un candidat qui met en avant sa très longue expérience
Marc-Philippe Daubresse a été maire de Lambersart (commune d’environ 30 000 habitants et limitrophe de Lille) pendant 29 ans, député pendant 22 ans (avec des mandats entrecoupés), Secrétaire d’État puis Ministre sous le gouvernement Raffarin III, ensuite Ministre sous le gouvernement Fillon II et enfin sénateur du Nord depuis 2017.
Si Lambersart a été son laboratoire, c’est maintenant à Lille que Marc-Philippe Daubresse souhaite porter ses idées et projets. Pour cela il marque fortement son opposition à la maire sortante de Lille, Martine Aubry. Il entend se positionner comme la seule alternative crédible face à elle.
Pendant le débat organisé à Sciences Po Lille, le candidat a été invité, comme les 4 autres, à développer ses propositions sur 3 thèmes : le logement, la transition écologique et enfin la sécurité.
Lutter contre l’insécurité à Lille, pièce maitresse du programme Daubresse
La sécurité est un des points forts du programme de Marc-Philippe Daubresse, voire même le thème central de sa campagne. Il souhaite faire installer environ 500 caméras dans toute la ville, soit 1 caméra pour 470 habitants. A ces caméras s’ajoute l’armement de la police municipale, comme le propose la candidate Violette Spillebout de La République en Marche, mais aussi l’augmentation des effectifs ou encore la mise en place d’un service médiation ouvert 24h/24. Selon le candidat, il s’agit de mesures nécessaires pour faire baisser le nombre de délits et qui répondraient ainsi au sentiment d’insécurité des Lillois.
Ce programme et ces grands axes avaient été développés par Marc-Philippe Daubresse lors de ses nombreuses réunions publiques, notamment lors de ses vœux à la fin du mois de janvier. Nous étions présents et en avons profité pour interroger ses partisans. Encore une fois, ce qui en ressort est la capacité du candidat à assurer, voire à faire revenir, la sécurité dans les rues de Lille. Les caméras de vidéosurveillance sont ainsi accueillies plus que positivement par ses partisans. Ces derniers font d’ailleurs valoir l’exemple de la ville de Lambersart dans laquelle il avait monté un plan sécurité du même type.
Un accent mis sur l’écologie
Il faut aussi évoquer l’importance de l’écologie dans le programme du candidat républicain qui présente un « Green New Deal » auquel a fortement contribué Valérie Petit. Il s’agirait de construire sur l’actuelle friche Saint-Sauveur (devenue un véritable sujet d’opposition pendant la campagne municipale) un grand parc municipal. Soulignons qu’il s’agit d’une réponse directe au projet d’aménagement d’une piscine olympique lancé en 2019 par Martine Aubry, lequel est contesté par les habitants en quête d’espaces verts dans la capitale des Flandres.
Il souhaite également développer la pratique cycliste à Lille et limiter l’usage de la voiture en remodelant les transports en commun. La lutte contre le dérèglement climatique apparait pour le candidat comme un moyen de susciter l’investissement des citoyens dans des projets d’écologie concrète et positive dans la ville. Cela passerait en premier lieu par un redéploiement du système de budget participatif qu’il considère comme étant aujourd’hui « injuste » et « inefficace ».
Rendre la ville aux Lillois
Enfin, le candidat souhaite rendre « Lille aux Lillois » en rendant la mairie plus proche des habitants. Pour cela, il envisage de créer des guichets de proximité auxquels pourront s’adresser les habitants, ou encore d’autonomiser les mairies de quartier (qui obtiendraient leur propre budget) en leur accordant une « autonomie de gouvernance » (et non l’indépendance). Ces dispositions favoriseraient la mise en place d’une solidarité active à l’égard des populations les plus fragiles.
En effet, Marc-Philippe Daubresse ne cesse de remettre en question le système de gouvernance de la mairie de Lille. Selon lui, la collectivité territoriale n’assure pas aux Lillois une égalité de traitement. Elle se montrerait, de plus, incapable de gérer son budget de manière responsable. Le candidat dénonce notamment un « système basé sur le triptyque saupoudrage-copinage-gaspillage ». Il souhaite par conséquent passer à un système basé sur le mérite et l’égalité devant les décisions de la mairie en revoyant les finances, garantissant la stabilité des impôts fonciers. Les grands évènements comme Eldorado étant jugés trop gourmand en termes de financements, il s’agirait enfin de redéployer l’argent de préférence vers des associations.
Pour pouvoir rendre, il faut avant tout conquérir
Néanmoins, le chemin paraît encore long pour le trio Daubresse-Petit-Pauchet avant d’arriver au Beffroi. En effet, le dernier sondage réalisé par l’IFOP et publié le 21 février le plaçait en 5e position, crédité de 10% d’intentions de vote. Il se place ainsi, dans l’ordre, derrière Martine Aubry (PS) avec 35%, Stéphane Baly (EELV) avec 21%, Violette Spillebout (LReM) avec 14% et Eric Cattelin-Denu (RN) avec 12%. De plus, toujours selon l’IFOP, une alliance au second tour entre Les Républicains et La République en Marche ne convaincrait que 26% des votants et ne serait donc pas suffisante pour battre Martine Aubry. Les résultats de ce sondage sont malgré tout différents de celui commandé par la candidate de la majorité présidentielle, mais dans lequel la candidature Les Républicains plafonne tout de même à 11,5%. Lors du débat des municipales, Marc-Philippe Daubresse a marqué son scepticisme face à des résultats “bien critiquables” et a affirmé sa décision d’en commander un nouveau, qu’il devrait publier dans les prochaines semaines.
Le trio parviendra-t-il à rassembler plus largement autour de son programme afin de se maintenir au second tour et ainsi peser dans d’éventuelles négociations ? Dans l’éventualité d’un ralliement, vers qui pourrait-il se tourner ?
Réponse les 15 et 22 mars prochains.
Célestine Rolland, Capucine Lemoine et Salomé Riffault