Avez-vous déjà pensé à investir dans un bunker pour survivre à l’effondrement de la société ? C’est cette idée qui a poussé l’écrivain Thomas Gunzig à écrire son roman Rocky, dernier rivage. Plongée dans un contexte d’apocalypse, une famille de milliardaires s’est réfugiée dans un bunker et a survécu à l’effondrement de la société. Mais que vaut l’argent quand tout est détruit ?
Rocky, dernier rivage est un roman qui traite de l’ennui, de la famille, du changement et de ce que l’argent peut faire aux gens. Thomas Gunzig est venu le 9 novembre dernier à la bibliothèque de Sciences Po Lille, afin de nous en dire plus sur son parcours et son œuvre. Ancien étudiant de Science Po, il a écrit son premier livre durant ses études, puis s’est lancé dans une carrière de libraire pour se consacrer par la suite pleinement à son activité d’écriture. Cela l’a mené jusqu’au prix roman des étudiants pour lequel son roman Rocky, dernier rivage a été sélectionné avec quatre autres candidats. Il nous confie que ce prix signifie pour lui la « sincérité absolue », il s’agirait d’un prix de cœur car venant tout droit des étudiants, il ne peut pas s’acheter.
L’idée phare de Rocky, dernier rivage lui serait venue lors de la lecture d’un article au sujet de milliardaires de la Silicon Valley qui craignaient tellement la perte de leur fortune qu’ils ont acheté d’énormes bunkers servant alors à les sauver eux et leur richesse en cas d’apocalypse. Après la lecture de cet article, Thomas Gunzig a alors imaginé à quoi ressemblerait le monde si ce genre de situation arrivait réellement. Il dit qu’il « a senti que c’était une histoire qu’il pouvait écrire » et c’est ainsi qu’est né Rocky, dernier rivage. La pandémie de Covid-19 lui a montré que la famille était l’endroit le plus doux, mais aussi celui de toutes les violences, et cette pensée se retrouve de manière très récurrente dans son récit, celui d’une famille aux apparences parfaites mais aux relations épineuses.
Un autre grand thème exploré par Thomas Gunzig dans son roman est l’argent, ce qu’il fait de nous et comment se forme le mépris de classe. Les protagonistes étant issus d’une famille de milliardaires, on observe que malgré le fait que l’argent n’ait plus aucune valeur, ils continuent à avoir un comportement condescendant vis-à-vis de leurs domestiques. Bien que Thomas Gunzig ne qualifie pas son œuvre comme étant un roman engagé, il s’interroge sur les changements de comportements causés par la richesse en nous montrant le contrôle absolu que la famille milliardaire souhaite à tout prix garder sur les domestiques.
Rocky, dernier rivage est un roman accessible à tous et disponible en librairie ainsi qu’à la bibliothèque, idéal pour échapper pendant quelques heures à notre monde et se plonger dans celui de milliardaires seuls sur terre.
Clémentine Grand-Perrin
(Crédit photo : bibliothèque Sciences Po Lille et pôle littérature et philosophie du BDA)