Nous avons assisté, dimanche 23 mars à partir de 20h30 au Nouveau Siècle, à l’avant-première de la série “Kaboul”dans le cadre du festival Séries Mania, produite par Fabienne Servan-Schreiber et réalisée par Kasia Adamik et Olga Chajdas. Série à la fois prenante et bouleversante au casting international, à la cinématographie léchée et à la musique frénétique, nous revenons en quelques mots sur cette projection inédite et sur l’interview qui s’en est suivie.
La série “Kaboul” est inspirée de faits réels, ceux de la prise de la capitale de l’Afghanistan par les talibans, avec au coeur de l’histoire une famille déchirée. La fille, Amina, est chirurgienne à l’hôpital de Kaboul et ne peut pas se résoudre à fuir avec ses parents et son frère, Fazal. Nous suivons parallèlement plusieurs autres destins, notamment celui de Vera, jeune femme allemande qui décide de retourner à la capitale pour aider celui qui lui a sauvé la vie, ou encore celui de l’Italien Giovanni, mis face à son destin lorsqu’il doit rester à Kaboul et représenter l’Italie à l’ambassade.
Tous les personnages se distinguent par leur courage et leur volonté de s’en sortir. La série parvient à mêler visuels magnifiques, intensité de l’action et dialogues touchants. Elle parvient aussi à montrer la situation terrifiante dans laquelle se trouve les femmes afghanes quand les talibans arrivent au pouvoir en août 2021, sans négliger non plus les autres éléments politiques et militaires de l’histoire. “Kaboul” est important à regarder, par sa résonance géopolitique dans un monde incertain mais aussi par les performances remarquables que les acteurs ont livrées.
Après la projection de deux épisodes tambour battant de cinquante minutes et après un tonnerre d’applaudissements, le cast est invité sur scène à répondre à quelques questions. Revenons sur l’interview en quelques mots.
MODERATEUR : “Je m’adresse d’abord à la productrice de la série, Fabienne Servan-Schreiber. Comment ce projet a-t-il été initié après l’invasion de Kaboul ? Quelle était votre ambition ?”
FABIENNE SERVAN-SCHREIBER : “Tout a commencé en août 2021, nous étions sur une île grecque mais nous avons réussi à faire évacuer un certain nombre de gens. Nous avons vraiment souhaité faire une série sur cette histoire car nous nous sentions impuissants.”
MODERATEUR : “Pourquoi avoir choisi France TV, pourquoi avoir choisi de diffuser sur un service public ? Comment est né le projet ?”
FABIENNE SERVAN-SCHREIBER : “On souhaitait réagir rapidement car on était convaincu que le monde audiovisuel devait s’emparer de l’événement, puisque peu d’événements apportent une telle forme de sidération. Nous avions envie de faire une série européenne à l’ambition européenne. Mais nous voulions vraiment mettre au cœur de l’histoire une famille afghane qui a tout à perdre.”
AUTRE PERSONNALITÉ : “Nous avons voulu raconter l’histoire du point de vue de ceux qui étaient impactés le plus directement, et montrer des personnages très ciblés par les talibans.”
MODÉRATEUR : “Est-ce que cela a été un travail de recherche ? Comment avez-vous fait pour construire les arches des personnages ainsi que le réalisme des dialogues ?”
AUTRE PERSONNALITÉ : “En effet, tout a commencé avec beaucoup de livres et d’articles de presse. Mais le scénario s’est construit assez rapidement, quand même.”
MODÉRATEUR : “Combien le projet vous a-t-il coûté ? J’ose demander, même si c’est un peu une question tabou.”
AUTRE PERSONNALITÉ : “Ce n’est pas tabou, ne vous inquiétez pas ! (rires) Nous avons obtenu un budget de 19 millions d’euros. Le projet nécessitait de rallier l’ensemble des diffuseurs du service public européen.”
MODÉRATEUR : “Quels étaient les enjeux de la mise en scène ? Car il s’agit quand même d’un projet avec deux réalisatrices. Était-ce la tension, la densité qu’il s’agissait de mettre en scène ?”
OLGA CHAJDAS : “Le côté haletant était compliqué à mettre en scène, effectivement, mais c’est suivre émotionnellement les personnages qui était le plus compliqué. Il fallait réussir à faire monter la tension au fil des épisodes alors qu’on commence déjà très haut.”
MODÉRATEUR : “Olga, on a vu beaucoup d’images sur la prise de Kaboul, est-ce que ce sont des matériaux vivants immédiats dont vous vous êtes inspirée pour travailler votre mise en scène ?”
OLGA CHAJDAS : “Il fallait rester honnête, fidèle à l’énergie de l’endroit, à la vérité des événements, mais il fallait en même temps être avec les émotions. Nous avons regardé beaucoup d’archives et nous avons essayé de recréer Kaboul de façon à avoir le sentiment de l’endroit, même si nous avons tourné à Athènes.”
MODÉRATEUR : “La lumière est très réaliste, précise et rêche, vous êtes-vous inspirée des images qu’on a pu voir à la télévision ?”
AUTRE PERSONNALITÉ : “Evidemment, cela a été ma première inspiration. Ca, c’était la première partie. Mais la seconde partie était de rendre le tout cinématographique. Le truc, c’était de mettre ces deux choses ensemble. We did a good job.”
MODÉRATEUR : “La très belle musique est signée Flemming Nordkrog. Comment composer une musique pour une série comme celle-ci ? C’est quelque chose de très épuré, de très organique, j’allais presque dire, d’une certaine manière.”
FLEMMING NORDKROG : “C’est un travail qui s’est fait à partir du scénario. Nous avons notamment utilisé une guitare allemande pour produire ces sons. Nous voulions quelque chose qui relie tous les destins et leurs émotions, nous voulions rester proche des personnages.”
MODERATEUR : “Je m’adresse à présent aux comédiens et aux comédiennes. Vous avez pu, comme moi, voir l’excellence de leur prestation. J’ai recueilli une confidence, Darina (actrice qui joue la mère d’Amina), selon laquelle Kaboul aurait été le plus beau tournage de votre vie. Pouvez-vous un peu nous parler de l’ambiance sur le tournage ?”
DARINA AL JOUNDI : “Le tournage était très dur, à la fois par le scénario, le sujet mais aussi la température avec les nombreuses tempêtes de sable qui ont eu lieu. Mais au sein de l’équipe, c’est comme une véritable histoire d’amour, tout au long du tournage. C’était une ambiance pleine de joie et d’amour.”
MODERATEUR : “Je m’adresse maintenant à Jeanne. Pouvez-vous nous parler un peu de votre personnage, celui de Vera ?”
JEANNE GOURSAUD : “Elle est très courageuse. J’ai parlé avec beaucoup de personnes qui étaient en Afghanistan, et j’ai été beaucoup touchée par le sujet du PTSD (Trouble de stress post-traumatique). J’ai appris que beaucoup de personnes qui en avaient été atteintes n’ont pas été en capacité de reprendre le poste qu’ils avaient auparavant.”
Pour terminer cette belle projection, l’animateur a recueilli quelques questions du public.
La série “Kaboul” est disponible à partir du lundi 24 mars sur la plateforme France TV. Bon visionnage !