À Lille, la jeunesse continue de s’organiser. Ce samedi et dimanche 22 et 23 février s’est déroulé à Fives un week-end anti-raciste organisé par la Jeunesse Communiste, l’occasion de continuer la réflexion sur cette « composante propre [du capitalisme]».
Samedi 22 février, aux alentours de 14h, je suis descendue à la station Madeleine Caulier avec un peu de retard, et je me suis dépêchée d’aller jusqu’aux espaces Karl Marx, les anciens locaux du journal communiste L’Hebdo Liberté qui a déposé son bilan en 2023. Ces locaux du PCF ont été prêtés à la Jeunesse Communiste pour l’événement.
En arrivant devant l’entrée, j’ai été agréablement surprise de découvrir une bande de jeunes m’accueillir avec de grands sourires. Je suis entrée, un peu stressée à l’idée de me retrouver seule dans cet endroit rempli d’inconnu.es. Assise sur ma chaise, face à la scène, j’ai longuement observé ce qui m’entourait. Comme je l’imaginais, beaucoup des personnes présentes se connaissaient : le monde militant est assez petit. D’un bout à l’autre de la salle, les apostrophes se multiplient, les gens se saluent, discutent. Contrairement à ce que j’avais imaginé, beaucoup de personnes étaient elles aussi venues seules.
La salle est parée de messages anti-fascistes ou féministes, un drapeau palestinien et un drapeau cubain sont accrochés au mur. En fond, avant que la première conférence ne débute, s’entremêlent des airs d’Hugo TSR avec des chants révolutionnaires.
Noam Peter, secrétaire fédéral et porte-parole des JC du Nord ouvre le bal par un discours réaffirmant la nécessité d’adopter ce genre d’initiatives. Face à la montée de l’extrême droite dans les urnes, mais aussi dans la rue avec l’attaque à l’arme blanche contre une projection de film organisée par l’organisation Young Struggle ce 16 février, la gauche doit se structurer et se mobiliser. Ici, le racisme est plus qu’un discours, mais une vision du monde servant à la légitimation d’un système structurant et structuré de domination.
« Faire la politique nous mêmes, sans les politiciens »
Interrogée sur la question, Sarah Rami, secrétaire des JC de Lille, m’a expliqué que l’organisation de l’événement s’est faite dans la volonté d’aller chercher les personnes qui ne sont pas forcément intéressées par la politique et détachés des milieux militants. Ainsi, en marge des conférences étaient organisées différentes activités comme un tournoi FIFA, un open mic et un atelier graff.

Passer de l’indignation à la mobilisation, un processus complexe :
Le thème du premier débat, « Comment passer de l’indignation à la mobilisation ? », seul événement du week-end où je suis allée, avait été choisi dans une réflexion sur la mort de Naël et la mobilisation qui a suivi. Les quartiers populaires se sont soulevés contre le racisme, mais leur mobilisation n’a pas été suivie d’un engagement militant poussé dans la durée.
« On a bien vu que les jeunes des quartiers populaires se sont vraiment engagés contre le racisme. Par contre, après ça, on ne les a plus revu lors des manifestations, on ne les a plus revu au sein des orgas politiques […]. Pourquoi ils s’organisent pas dans les partis politiques et comment on fait pour qu’ils le fassent ? » – Sarah Rami, porte-parole et secrétaire des JC de Lille.
Pendant un peu plus d’une heure, Sarah Rami, Noam Peter, le député et porte-parole de la Jeune Garde Raphaël Arnault ainsi que le créateur de contenu marxiste Pasdhuring ont discuté sur la question de la mobilisation militante.

Plusieurs points ont été abordés, comme la création par Pierre Bolotte des premières brigades départementales de l’Anti Criminalité (aujourd’hui, la BAC) sur un modèle colonial et connu pour sa violence ciblée. Le démantèlement de la toujours très contestée brigade fait partie des demandes de la JC. L’aspect colonial a lui aussi été mentionné, notamment à travers les nombreuses statues toujours debout ou les mentions du colonialiste Louis Faidherbe, ce qui permettrait une continuation du colonialisme dans ses formes néo-coloniales.
A côté de la scène, face au public, on constate la présence d’un membre de la Jeune Garde vérifiant le bon déroulé de la conférence. La Jeune Garde de Lille est par ailleurs l’un des partenaires de l’organisation de la conférence, tout comme la LDH.
Des problématiques multiples, un week-end chargé :
« Réseaux sociaux comme moteur de changement social » avec Saralaska et Romain Reviens, mais aussi « Femme, racisée et militante » avec une militante de la Jeune Garde de Strasbourg, Inès Drif et Tahina, étaient les deux autres conférences organisées pendant le week-end, mais je n’ai pu y assister. Le choix de la dernière conférence s’est fait par le comité non mixte de la JC, en réponse aux nombreuses difficultés croisées en tant que femme racisée et militante.
« On considère souvent les femmes racisées comme si elles étaient moins formées que les hommes et que les femmes blanches […]. C’est un milieu assez hostile pour nous le militantisme », explique Sarah.

Le choix des invité.es s’est fait grâce au réseau de la JC, nombre d’entre eux et elles avaient déjà participé à d’autres événements de la JC Lilloise. Pour ce qui est du public, au pic de l’événement, 250 à 300 personnes auraient été présentes selon les organisateur.ices.
Lou Landgren