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Il faudra compter avec le TLM Volley cette saison

Hier soir l’équipe première du Tourcoing Lille Métropole Volley (TLM) débutait sa saison par une éclatante victoire face à Poitiers (3/1). Un résultat porteur d’espoirs pour cette équipe tourquennoise largement remaniée par rapport à la saison passée. Récit. 

C’est dans une ambiance de rentrée des classes que s’ouvre la soirée au complexe Léo Lagrange de Tourcoing. Si ici, la mode n’est pas aux chemises bien repassées et aux jupes bien ajustées, on ressent cette  même atmosphère, cette envie d’en découdre mêlée à toutes les craintes d’un nouveau commencement : les doutes, la peur de décevoir… Pour pousser le vice encore un peu plus loin, on pourrait même dire que ce pourrait être un jour de photo de classe tant l’harmonie des maillots noirs et blanc des deux équipes est saisissante.
C’est dans un flash, au moment du premier coup de sifflet de l’arbitre, que la photo passa à la couleur pour ne jamais la quitter. Une rencontre colorée pendant plus de deux heures par la fougue, l’envie, les acrobaties, les attaques éclairs ou encore par le suspense de money-time haletants.

« Mais qu’est-ce que c’est que ce match ?! »

Hier, il n’y eut aucun round d’observation, comme si les équipes avaient reçu la consigne de ne retenir aucun coup. Au coude à coude durant tout le premier acte, l’écart entre les deux formations n’excèdera jamais les deux points. Tourcoing enchaîne les combinaisons et varie à la passe, s’en remettant souvent à son central arrivé à l’intersaison, le cubain David Fiel et ses 2m07, déjà impérial. Il a une influence énorme sur le jeu, il est tellement dangereux qu’il attire à plusieurs reprises trois bloqueurs sur lui, laissant ainsi  -via une passe éclair sur les extérieurs – le champ libre au pointu. Malgré la puissance du central, Poitiers ne se laisse pas décrocher et à l’approche du money-time (20/19 pour Tourcoing), les échanges se font extrêmement disputés. C’est par une bête faute au service que les Nordistes manquent l’occasion de conclure le set  à 24/23. Le service comme seul secteur du jeu avec du déchet (cinq fautes côté Poitiers et quatre côté Tourcoing avec cette dernière faute malvenue). Les Poitevins se jettent sur tous les ballons, sauvant même une attaque du bout du pied à 26/25. Il faudra alors six balles de set, un arbitrage vidéo donnant raison à Tourcoing et un Ronald Jimenez stratosphérique pour enlever ce premier set 30 à 28. Comme un symbole c’est lui qui plante l’attaque finale. Le pointu colombien, au club depuis quatre ans est visiblement ici dans son jardin. « Mais qu’est-ce que c’est que ce match ?! » s’exclame alors le speaker. Un match totalement fou, le ton est donné, il faudra aller chercher chaque point.

Un deuxième set de 40′ perdu sur le fil

Son équipe menée 4/1 d’entrée, le coach croate du TLM Igor Juricic fait entrer Gauthier Bonnefoy. Le jeune français apporte directement une belle énergie, crie, motive, serre les poings, donne des conseils pour les zones de service. Et ce set qui semblait tourner à l’avantage des Poitevins change de physionomie.
Tourcoing s’en remet à nouveau à son central cubain, qui a, depuis le début du match absolument tout réussi. C’est simple, à chaque attaque c’est soit point, soit un plongeon héroïque des Poitevins. Là-haut sur sa planète, personne ne parvient à l’atteindre. On notera également la combinaison qui fait des ravages côté nordiste : Fiel s’efface au dernier moment, emmenant au sol avec lui trois bloqueurs et laissant ainsi le champ libre à son coéquipier bien cachée derrière ses grands segments. Une combinaison largement utilisée et se clôturant dans la plupart des cas par un trou dans la moitié de terrain adverse. D’une manière  générale, Tourcoing développe un jeu varié très difficilement visible pour ses adversaires.

Ce deuxième set est tout aussi disputé que le premier, mais Tourcoing parvient à virer en tête à 18/15 et semble prendre un avantage conséquent alors que les Poitevins viennent à nouveau de subir les foudres du central cubain. Mais, le volley ça va vite et Poitiers trouve les ressources pour recoller à 18/18. L’air est à nouveau raréfié lors de ce  money-time. Un money-time qui cette fois-ci tourne à l’avantage de Poitiers, une équipe extrêmement volontaire effaçant trois balles de set et arrachant ce deuxième acte au 5ème essai, l’arbitrage vidéo leur donnant cette fois-ci raison. 32/30 et les équipes sont renvoyées dos à dos aux vestiaires, tout est à refaire.

La force de caractère des Tourquennois

Malgré la longue pause de près d’un quart d’heure, la rencontre repart avec la même intensité. Et après cette deuxième manche venant d’échapper aux Nordistes alors qu’elle semblait leur tendre les bras, les joueurs parviennent à se remobiliser d’entrée. Mais, coup dur pour Tourcoing, leur libéro, Julien Lemay, 37 ans et véritable cadre de l’équipe, victime d’une vilaine chute sur le dos en début de rencontre est contraint de sortir alors qu’il est la cible incessante des attaques de Poitiers. L’avance de l’équipe visiteur est alors de 5 points (9/14)- plus gros écart de la rencontre-  lorsque Julien Legrand 19 ans, entre sur le terrain. Ce sont ses premières minutes au niveau professionnel, lui qui évoluait  l’année passée à Halluin et se reconvertit seulement depuis le début de la saison au poste de libéro ! « J’avais la pression mais comme un fou » nous avouera-t-il en fin de rencontre.

Le set semble ainsi bien mal embarqué, mais c’était sans compter sur la performance exceptionnelle du nouvel entrant. Auteur de deux sauvetages héroïques d’entrée, il permet à son équipe d’infliger un 4/0 à l’équipe de Poitiers et de recoller à seulement un point (13/14). Toutes les cartes sont alors rebattues, les deux équipes le savent et les échanges se font encore plus disputés que d’habitude (c’est dire). Il devient impossible de faire le point, sans quatre voire cinq allers-retours au dessus du filet. Victorieux d’un échange d’une fabuleuse d’intensité, Tourcoing parvient pour la première fois du set à reprendre le lead (18/17). Le réceptionneur-attaquant Bonnefoy sait au combien ce moment est important et va chercher le public. C’est dans une ambiance de feu que Tourcoing s’adjuge le 3ème acte 25/19. Le tout en 31′, c’est dire l’intensité des échanges.

Une équipe qui ne lâche rien

Gauthier Bonnefoy fait parler sa souplesse pour aller chercher cette attaque. Photo Matthieu Slisse

Malgré l’envie, l’énergie et les frissons que prodiguent les Tourquennois à leur public, les Poitevins sont bien loin d’avoir dit leur dernier mot. À nouveau, les invités font la course en tête, portant même assez rapidement leur avance à trois points (10/13). Tourcoing peine à refaire son retard. Ce n’est pas l’attaque qui pêche, mais la défense (seulement deux contres réussis sur l’ensemble de la rencontre, voir plus bas), cette difficulté à freiner les smashs adverses handicape la ligne des arrières et le score se porte à 14/17.

Là encore, alors qu’on les croyait perdus, les joueurs de Tourcoing parviennent à recoller (21/21), ce sont des véritables morts de faim que donnent à voir le coach Igor Juricic ce soir, avec Gauthier Bonnefoy en leader de meute. Un coup de chapeau à Ronald Jimenez qui sut, dans ce money-time on ne peut plus décisif, élever encore d’un ton un niveau de jeu déjà époustouflant. Le tout pour offrir à Tourcoing une balle de match (24/23), sans avoir mené une seule fois du set. Cette dernière est effacée et résonne à nouveau la ritournelle des fins de sets étouffants décidément bien à la mode ce soir. Et pourtant, la deuxième balle de match est la bonne, le staff et tout le banc se jette sur le terrain.
C’est avec les crocs, que les Tourquennois sont allés arracher ce match, pour le plus grand plaisir des 1 800 spectateurs présents.

« L’effet Bonnefoy » ou l’effet équipe.

L’équipe au complet arborant pour la première fois les nouveaux maillots. Photo Matthieu Slisse

L’équipe que donne à voir Tourcoing est très largement remaniée, la feuille de match est un véritable tour du monde. Il y a des Français (évidemment) mais aussi un cubain, un canadien, un américain, un colombien, un mexicain, un australien, un espagnol et un serbe.
Des joueurs qui, pour la plupart, ne se connaissaient absolument pas il y a deux mois de cela, et pourtant, c’est une grande complicité que l’on perçoit sur le terrain.
Checks et taquineries, ils passent beaucoup de temps ensemble nous confie Gauthier Bonnefoy arrivé à l’intersaison d’Avignon. « La cohésion du vestiaire s’est faite archi-naturellement » explique -t-il. Une cohésion que le club a tenu mettre au coeur de son projet, à l’image du séjour d’une
semaine à Saint Nazaire organisé mi-septembre. L’occasion pour les joueurs, en vivant ensemble d’apprendre à se connaître. L’occasion également d’apprendre à se connaître différemment – en dehors du cadre des entraînements – avec notamment une séance de paddle et un déplacement au huitième de finale du championnat d’Europe de Volley, France-Finlande à Nantes. 

La cohésion est déjà bien plus présente que l’année passée selon un membre du staff. « Ça n’a rien à voir » Et de rappeler l’influence énorme qu’exerce Gauthier Bonnefoy sur le vestiaire : « un dynamiteur de collectif » selon ses mots. 

Les joueurs stars du soir

Le central cubain David Fiel a véritablement marqué la rencontre de son empreinte. Son flegme latin, son attitude presque nonchalante, chewing-gum en bouche contraste totalement avec le tranchant de ses attaques et sa densité physique. Bien lancé, il semble véritablement inarrêtable. Il sera à coup sûr une des armes fondamentales de l’attaque; du TLM cette saison.
Le réceptionneur-attaquant Gauthier Bonnefoy a lui aussi joué un rôle clef dans la victoire de son équipe. Entré au cours du deuxième set, il a insufflé une énorme énergie positive et son activité sur le terrain a tiré tous ces coéquipiers vers le haut. Il fut le facteur x de cette rencontre.
Il faut évidemment parler de l’influence déterminante du pointu colombien Ronald Jimenez. Régulier à l’attaque tout au long de la rencontre, il a été le pilier de la victoire de son équipe.
À noter également – même s’il ne faut pas le dire trop fort – la « rentrée exceptionnelle de Legrand » selon les mots de Bonnefoy. Le jeune libéro a fait bien plus que tenir la baraque ce soir, un match qui restera longtemps gravé dans sa mémoire.

Un bilan très positif et du travail au bloc

Beaucoup de voyants sont au vert après ce premier match et cette première victoire des hommes de Juricic. Une équipe avec du caractère et énormément d’envie, des individualités exceptionnelles, et un effectif très complet et uni dans l’effort.
Un seul gros point faible dans le jeu : le bloc. Seuls deux contres ont été réalisés hier soir par les Nordistes, et très peu de ballons furent freinés. Un bilan bien trop insuffisant pour mettre en doute les attaquants adverses. Ainsi, s’il est une critique que l’on puisse faire à David Fiel hier soir, c’est son faible impact dans ce secteur. Fort de ses 2m07 (plus grand joueur de l’équipe) ainsi que d’une densité physique exceptionnelle, il semble avoir toutes les qualités pour être la muraille de la défense des Nordistes.
Mais la saison ne fait que débuter et le bloc sera à coup sûr un secteur de jeu longuement travaillé par les joueurs du TLM dans les jours et semaines à venir. Le coach croate ironisait d’ailleurs sur ce sujet devant la salle en fin de rencontre « heureusement qu’il y a encore des choses à travailler, sinon je sers à rien »

«  Le championnat est tellement homogène », il faudra s’attendre à des matchs aussi disputés toutes les semaines prévient Gauthier Bonnefoy. Une saison qui démarre déjà sur les chapeaux de roue pour le TLM avec un déplacement au Palatinu d’Ajaccio dès mardi avant la réception de Toulouse vendredi prochain. Mais une chose est d’ores et déjà sûre : il faudra compter avec ces gars là cette saison. 

Matthieu Slisse


C’est une nouveauté de cette année : La Manufacture se focalise sur l’actualité locale. Nous suivrons alors plusieurs équipes sportives, le rugby à Marcq-en-Baroeul, le TLM évidemment, et d’autres encore, à découvrir dans les prochaines semaines.