La nuit du 11 novembre, les San Antonio Spurs ont retiré le numéro 9 du basketteur français Tony Parker. Cette distinction suprême que lui offre sa franchise de toujours est l’occasion de revenir sur une carrière hors-norme, qui a laissé une empreinte indélébile sur la NBA, le basket et le sport français.
Un pionnier et un mental exceptionnel
Lorsque Tony Parker débarque en NBA en 2001, sélectionné en 28e position par les San Antonio Spurs, à l’âge de 19 ans, il n’est que le troisième français drafté en NBA, après Tariq Abdul-Wahad et Jérome Moïso. Après seulement cinq matchs il devient le plus jeune meneur titulaire de l’histoire NBA et le premier meneur non-américain. Il enchainera 1151 titularisations, pour ne laisser son poste dans le cinq majeur qu’en 2015 à Dejounte Murray. Mais son impact dans le basket français et européen va bien au-delà. A une époque où les franchises NBA étaient réticentes à sélectionner des joueurs du Vieux-Continent, il a ouvert la voie, en compagnie de l’Espagnol Pau Gasol, de l’Allemand Dirk Nowitzki et de l’Ukrainien Andrei Kirilenko, à toute une série de joueurs européens, des Français Evan Fournier, Rudy Gobert, Frank Ntilikina ou bien Nico Batum au dernier MVP le Grec Giannis Antetokounmpo en passant par le Serbe Nicolas Jokić ou le prodige Slovène Luka Doncić.
Un palmarès hors-norme
A la fois avec les Spurs et avec l’équipe de France, TP incarne l’image d’un leader, d’un meneur d’homme. Dès sa deuxième saison, il remporte le titre NBA, en battant les Nets de Jason Kidd, au sein d’un trio qu’il forme avec la légende Tim Duncan et le magicien argentin Manu Ginobili. Ce trio va mener les Spurs entre 2003 et 2014 à quatre titres NBA, et avec en point d’orgue personnel le MVP des Finales de 2007, dans une finale remporté 4 matchs à 0 face aux Cleveland Cavaliers d’un certain Lebron James. Cette récompense individuelle, il est le premier joueur non-américain à la recevoir.
“Il est impossible de parler du basket en France sans parler de Tony Parker, c’est impossible. Il y a eu un avant, et il y aura un après Tony Parker” Boris Diaw
Comme le rappelle Boris Diaw lors de la cérémonie d’hier soir, “Il est impossible de parler du basket en France sans parler de Tony Parker, c’est impossible. Il y a eu un avant, et il y aura un après Tony Parker”. Il aura sans cesse, tous les étés, participé aux compétitions internationales avec le maillot bleu, et mené l’Edf à son seul titre en remportant le championnat d’Europe 2013, où il sera élu meilleur joueur du tournoi, avec une demi-finale contre l’Espagne incroyable, un des plus grands exploits du basket français, et un discours à la mi-temps du match mémorable, témoin de son engagement et de son leadership durant des années en équipe de France.
Une cérémonie à l’image des San Antonio Spurs
“J’ai été l’homme le plus chanceux au monde de te voir grandir de tes 19 ans, où t’as commencé à diriger cette équipe, jusqu’à aujourd’hui où tu entreras bientôt au Hall of Fame.” Gregg Popovich, coach des Spurs
San Antonio n’est pas une franchise comme les autres en NBA. Dans cette ligue sans cesse en mouvement, où des équipes émergent puis s’écroulent, les Spurs forment une institution, une famille. Aussi, c’est tout naturellement que Sean Elliott et son numéro 32, légende de la franchise et aujourd’hui commentateur pour une chaine sportive américaine, a présenté la cérémonie. Et c’est avec ces mots qu’il a qualifié Tony Parker, en guise de préambule à une soirée parfaitement orchestrée : “Tony est l’un des plus grand meneurs de l’histoire de la NBA”. Puis ce fut le tour de son coach, son mentor, l’immense Gregg Popovich, l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand – entraineur de l’histoire NBA. Un second père également, selon les mots de TP, qui l’a accueilli lorsqu’il est arrivé, seul, à 19 ans au Texas. Lui aussi l’a remercié pour son empreinte sur le jeu, mais aussi pour sa relation en dehors des parquets : “J’ai été l’homme le plus chanceux au monde de te voir grandir de tes 19 ans, où t’as commencé à diriger cette équipe, jusqu’à aujourd’hui où tu entreras bientôt au Hall of Fame.”
Car c’est ce lien indéfectible qui fait que cette équipe articulée autour de Tim, Manu et Tony, avec le coach Pop était si unique, un trio qui a remporté plus de matchs que quiconque – 575 – plus que le légendaire trio des Celtics des années 1980 avec Larry Bird, Kevin McHale et Robert Parish, plus que le trio des Lakers du Showtime de Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar et James Worthy. Ses coéquipiers de toujours, Tim Duncan et Manu Ginobili, sont allés dans le même sens que Pop, insistant sur les liens affectifs tissés au fur et à mesure des années passées ensemble, “Tony a eu confiance en moi, dès le premier jour” (Ginobili), et sur le talent de Tony Parker, qui a su se créer une place au sein de la grande famille des San Antonio Spurs : “Je n’aurais jamais cru que ce gamin deviendrait le meneur avec lequel j’allais jouer toute ma carrière, cette aventure fût incroyable et je ne changerais ce meneur contre rien au monde”(Duncan).
C’est profondément ce qu’on a ressenti dans cette nuit du 11 novembre 2019, devant nos écrans à 5h du matin : une famille, des amis réunis pour tourner la page d’une dynastie de l’histoire de la NBA, qui a engrangé les victoires et les titres au fil des années en mettant toujours en avant le collectif, dans un sport tellement souvent défini par les statistiques et les trophées individuels.
Tony Parker, c’est les San Antonio Spurs, le plus jeune meneur titulaire de l’histoire de la NBA, un MVP des Finales en 2007, un chef d’orchestre d’une des plus belles équipes collectives de l’histoire lors du titre de 2014, un porte-drapeau des Bleus durant plus de 15 ans, un discours mémorable lors de la mi-temps d’un France-Espagne 2013. C’est aussi un des meilleurs européens de l’histoire du basket, un des plus grands sportifs français, une carrière exceptionnelle. Tony Parker c’est désormais un numéro 9 accroché à tout jamais en haut de la salle des Spurs, aux côtés du numéro 20 de Manu Ginobili et du numéro 21 de Tim Duncan.
Merci Tony
Hugo Jumelin
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