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Gaspard Gantzer à l’EDHEC : de l’ombre à la ville lumière

Mais si, vous savez, ce fut le patron de la communication de François Hollande, alors locataire de l’Elysée. L’ancien homme de l’ombre veut désormais rayonner. Gaspard Gantzer, tout en partageant son expérience de conseiller en com’ de “l’homme au scooter”, jeudi 8 janvier à l’EDHEC, souhaite repenser la ville de Paris, en ralliant l’Hôtel de Ville. 

Dans son campus “à l’américaine”, l’EDHEC tire même le cliché jusqu’au bout. Ambiance feutrée, vidéo amplifiée d’une musique de type Full Metal Jacket, pour accueillir un des nombreux candidats à la mairie de Paris en mars prochain. Gaspard Gantzer est né dans la ville Lumière, mais c’est bien lui qui était ce mercredi 8 janvier, sous le feu des projecteurs. Style décontracté, chaussettes rouges se confondant avec les fauteuils, l’homme de 41 ans est en campagne. Cela ne saute toutefois pas aux yeux. Il faut dire qu’à plus de 200 km de Paris, celui-ci vient moins convaincre des électeurs -quoique- que partager son expérience dans un mot à la mode et qu’il connait bien : la communication.

  • Une obscure clarté

Mais si, vous savez, ce fut le patron de la communication de François Hollande, alors locataire de l’Elysée. L’ancien homme de l’ombre veut désormais rayonner. Non non, on ne s’amuse pas aux oxymores et antithèses, l’ancien président de la République, l’homme au scooter, l’homme fidèle, l’homme bavard a bien eu un conseiller en communication ! Pas n’importe lequel. Gaspard Gantzer diplômé de l’ENA, la même promotion qu’un autre Président d’ailleurs, “Manu” ou “ma poule” comme il préfère l’appeler. Humble, il concède quant à ses ratés au château du huitième : “je n’ai pas été assez bon”. Il garde cependant qu’une part de la responsabilité, invoquant ce fameux “karma”. Il l’affirme devant nous: “François Hollande est quelqu’un qui n’a pas beaucoup de chance dans la vie”. On a vu tout de même plus malchanceux… Qu’importe, il s’en remet aussi à l’explosion des réseaux sociaux qui ont complètement bouleversé la façon de communiquer, y compris celle du gouvernement : “le taux d’équipement smartphone a doublé pendant le mandat” explique-t-il.

  • Un président ne devrait pas dire ça

Et puis, Gantzer se défend aussi. Tout n’a pas été catastrophique. Il invoque l’attitude du président salué par les français lors des attentats terroristes de 2015. Parallèlement, il n’en perd pas son sens de l’humour. Le marché de l’édition remercie la saga Hollande-Trierweiler quand la journaliste de Paris-Match a vendu plus d’un million d’exemplaires de son livre Merci pour ce moment, récit d’une vie privée mouvementée, loin des “sans-dents”. Le corrézien, avare de revanche, n’a réussi “que” 175 000 ventes pour Un président ne devrait pas dire ça, symbole et point d’orgue d’une communication ratée.

Isabelle Saporta et Gaspard Gantzer forment un duo écolo le 16/10/19 au Globo. Photo : page Facebook “Parisiennes, Parisiens”.
  • “Ce que les gens aiment, c’est l’accident”

Finalement Gaspard Gantzer s’il n’était venu nous parler uniquement de communication, il y aurait eu comme…un léger problème…de crédibilité. Son expérience fut, force est de le constater, mitigée, mais il semble tout de même à l’aise dans l’exercice politique. Maintenant lancé seul, l’impératif de se faire connaitre auprès des parisien.ne.s passe inévitablement par une bonne communication. La question se pose : un ancien conseiller en com’ a-t-il besoin de son propre conseiller en com’ pour sa campagne ? Il acquiesce en se recoiffant. Mais celle-ci ne doit pas prendre trop de place. Oxymore, en veux-tu, en voilà : le conseiller en com’ nous explique qu’il ne faut pas trop…de com’ en politique. Il développe : “Ce que les gens aiment, c’est l’accident”. Hollande pourra peut-être témoigner ? Bref, peut-être par son demi-aveu d’être bientôt au chômage, Gantzer se lance à l’assaut de Paris, incarnant son mouvement Parisiennes Parisiens, crée il y a plus de 1 an et demi déjà.

  • Paris sans périph’ : la voie du succès?

L’énarque ne chôme pas. Il est celui qu’il connait le mieux les dossiers, affirme-t-il. Au premier chef, l’ambition écologique portée par le duo qu’il forme avec Isabelle Saporta, femme de Yannick Jadot. La communication fut ici bien rodée quand leur proposition phare eu grand écho : la déconstruction du périphérique parisien d’ici à 2035. “Une muraille”, “un no man’s land”, le candidat n’en finit plus de qualificatifs pour dénoncer l’un des principaux vecteurs de pollution mais aussi d’exclusion sociale en Île-de-France. La voiture ne doit plus être l’alpha et l’oméga de la mobilité chez les parisiens. Mathématique, Gantzer l’est aussi (surtout face à Villani) dans ses calculs pour le financement de ses projets. La mairie vendrait aux promoteurs immobiliers des parcelles du périph’ pour amortir les travaux.

On pourrait ainsi voir en lui un candidat touchant aux idées socialistes, lui ancien adhérent du PS. Pourtant, il a su s’adapter à l’électorat du 15ème arrondissement, là où il se présente personnellement. Famille, -crèches gratuites-, sécurité -police municipale armée-, Gantzer sait comment séduire par son programme ce “paris plus à droite” qu’ailleurs. Finalement, lui-même ne sait même plus s’il est “compressé ou écartelé” entre la position d’une Anne Hidalgo, candidate à sa réélection, et un Benjamin Griveaux, investi LREM. La tâche restera quoiqu’il arrive compliquée si l’on en croit les premiers sondages. Crédité de 2%, “G.G” veut croire en son mouvement co-construit avec les autochtones de la capitale, loin de s’éclipser derrière une quelconque alliance. Ambitieux et patient, Gaspard Gantzer assume cette position crépusculaire, en attendant l’aube ?

Clément Rabu

Photo à la Une : Agora de l’EDHEC


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