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Carnet de 3A : une petite virée à Bratislava !

Manu réactualise son carnet de 3A, pour cette année 2022 ! Ce témoignage de trois 3A vous fera voyager à travers tout Bratislava, capitale de la Slovaquie. 

” Si je vous donne une mappemonde, sauriez-vous y placer la Slovaquie ? Je vous rassure, j’ignorais également sa position sur la carte il y a encore 10 mois. Preuve, s’il en fallait, que ce récent pays de l’est est méconnu de l’Europe occidentale. Mais ne vous arrêtez pas à cette ignorance. Bratislava regorge de biens des merveilles, en tout point de vue.

Marienka : Bratislava, une capitale à taille humaine

La cathédrale Saint-Martin, au coeur de Bratislava.

Pour arriver à Bratislava, il vous faudra sûrement passer par Vienne, voyage obligé si vous êtes amateur.ice de chocolat ou café viennois, musique classique, d’art ou d’Apfelstrudel. Toutes les raisons sont bonnes pour aller se perdre à Vienne quand Bratislava devient trop petite. Car oui, Bratislava est la capitale du pays, mais vous êtes bien loin de Paris ou Berlin.

 

C’est une capitale rurale où dès que l’on quitte les tours d’immeuble et la vieille ville, on tombe sur les montagnes. Amoureus.e.s des randonnées et de verdure, Bratislava est pour vous ! Chaque week-end, chaque jour de beau temps, vous pouvez allez vous perdre dans la forêt montagneuse et silencieuse qui entoure Bratislava. Si vous êtes plutôt doué.e.s dans les sports d’hiver, vous pourrez même aller skier. Si vous êtes de ceux.celles que l’aventure tente moins, le hockey sur glace étant le sport national en Slovaquie, il sera toujours tant de profiter des sports d’hiver et de la bonne ambiance en toute sécurité dans les tribunes des patinoires.

Une destination pour se découvrir

Que vous soyez fêtard.e ou casanier.e, Bratislava vous accueillera comme vous êtes. N’étant pas la plus grande ville touristique d’Europe centrale, les touristes sont peu nombreux et ne restent en général qu’une seule journée, une pause entre Vienne, Prague et Budapest. Alors vous ne serez pas dérangé quand vous vous baladerez dans le centre de la vieille ville, dans les musées, les cafés et les friperies aux prix défiants toute concurrence qui feront votre bonheur. Vous serez tranquille pour observer l’histoire avec vos yeux, les belles architectures du centre-ville, la fierté locale qu’est château, les blocs d’immeubles de l’autre côté du Danube et les tours vitrées dans la nouvelle ville, le Manhattan slovaque. Si jamais la France et l’Europe occidentale vous manque de trop, vous pourrez toujours vous réfugier dans les grands centres commerciaux aux enseignes mondialement connues.

Le Pont du soulèvement national slovaque, aussi appelé Most SNP.

Oui, la France vous manquera. Son fromage, ses pâtisseries, sa baguette, sa langue. Du fromage en Slovaquie, ils en ont. Vous allez l’adorer dans le Bryndzové halušky, des pommes de terre enrobées de fromage de brebis. Mais vous ne le retrouverez pas dans les supermarchés. Et le brie que vous trouverez n’aura pas de goût. Au-delà de la gastronomie, le français va vous manquer, même l’anglais. Vous ne parlerez sans doute pas slovaque.

Les Slovaques parlent peu anglais. Vous connaîtrez les mots de salutations mais la conversation ira rarement plus loin : à la caisse, c’est la course au client. Il faut aller très vite pour rattraper à la volée ses courses et son ticket. Les interactions dans le service public sont presque réduites à néant, mais ne vous formalisez pas : ce n’est pas vous, c’est comme ça. La Slovaquie est dans l’Union Européenne, vous paierez en euro, mais vous atterrissez dans une culture totalement différente. La Slovaquie va vous surprendre. Vous aurez le temps de la découvrir, le temps de penser à vous aussi. Le nombre d’heures de cours étant réduit au strict minimum, aller à Bratislava c’est l’opportunité de découvrir une ville dans laquelle vous ne seriez surement jamais allé, voyager en Europe centrale, et vous découvrir vous.

Pour Annette, c’est l’Europe à portée de main

Bratislava, ville que je ne connaissais pas avant de remarquer ce partenariat dans la longue
liste des universités partenaires de Sciences Po Lille. Capitale slovaque qui, en plus d’être proposé pour l’académique, l’est aussi pour les courageux qui veulent faire une mobilité mixte pendant leurs 3A ! On pourrait dire que ce choix de 3A est un peu improbable… Mais si je vous dis que Bratislava était, en fait, bien mon premier choix !

La vue depuis le château de Devín, situé dans Bratislava.

Situé à un véritable carrefour de l’Europe, il est possible de voyager dans presque toute l’Europe à bas coût mais aussi relativement rapidement. Vienne est à une heure de bus, Budapest à 3h, Prague à 5h. Vous pouvez atteindre la Croatie en moins d’une heure d’avion et la Roumanie, l’Allemagne ou encore la Pologne vous attendent pour quelques heures de bus supplémentaires. Pour les voyageurs et tous les curieux de notre belle Europe, Bratislava est donc la destination idéale. Mais bien plus qu’un hub européen (qui on doit se l’avouer est située bien plus à Vienne et son aéroport international qu’à Bratislava où part un vol toutes les deux heures), la capitale slovaque est un endroit où il fait bon vivre puisqu’on s’y sent rapidement chez soi. De nombreux endroits sont à découvrir : le centre historique, le château qui surplombe la ville, les abords du Danube ou encore les centaines de boutiques des centres commerciaux qui sont en surnombre au quatre coins de la ville.

Bratislava reste tout de même à taille plutôt humaine pour une capitale et l’ambiance y est chouette. J’ai cru comprendre que ce n’était pas la ville de la fête jusqu’au bout de la nuit, mais plutôt des balades reposantes en milieu d’après-midi. A vous de choisir le genre de 3A dans lequel vous souhaitez vous lancer !

“Comme une sorte de retraite spirituelle améliorée”

J’ai personnellement considéré Bratislava comme une sorte de retraite spirituelle améliorée. Rassurez-vous, Bratislava n’est pas une ville d’ermite, mais elle laisse le moyen de prendre
son temps et d’en apprendre plus sur soi-même. Deux raisons à cela si vous voulez mon avis.

La première c’est qu’inévitablement vous évoluez dans une sorte de bulle, du moins au départ,
car vous ne parlez pas slovaque (si c’est le cas vous avez toutes mes félicitations et ce point
ne s’adresse pas à vous). Le fait de ne pas parler la langue isole quelque peu mais laisse
aussi la chance de percevoir par delà la langue et de s’approprier les lieux d’une façon
différente. C’est certes perturbant mais vous survivrez avec un Dobry Den et un Dakujem bien
placé. De toute façon, vous vous apercevrez vite que les gens sont beaucoup moins enclins
(ne sont pas du tout) à vous faire la discussion à la caisse. Cette distance laisse place à une
certaine paisibilité, qu’il est tout à votre loisir de conserver ou non en cherchant des locuteurs
anglophones ! Ils sont plus rares que dans un pays comme la France mais on en trouve chez
les plus jeunes qui semblent plus avenants que leurs aînés.

Une université peu exigeante

La deuxième raison à la tranquillité d’esprit allant avec la ville est le choix et le contenu des cours. Je parle en ne passant qu’un semestre ici et en ayant choisi que des cours de psychologie et de
communication. La vie scolaire est très (trop ?) tranquille, ce qui vous laisse une plage de temps libre supérieure à votre vie d’antan de sciencepiste surbooké. D’abord, les professeurs sont extrêmement arrangeants concernant les heures de cours et leur emplacement dans l’emploi du temps. Ensuite, le contenu des cours est relativement moins exigeant que ceux que nous suivons d’habitude.

Et pour ne rien gâcher à ma retraite spirituelle, les cours de psycho sont des sortes de rendez-vous quasi individualisés, où on en apprend plus sur notre réel, nous. En effet, l’université ayant de très petits effectifs Erasmus, les cours se font souvent en comité très réduits (de 3 à 7 élèves la plupart du temps) mais sont très interactifs et intéressants. Mon cours le plus exigeant est un cours de communication managériale, qu’ils classent plutôt parmi les cours d’économie, et là encore, pas de sur-exigences donc pas d’inquiétude à avoir, même si je ne me prononce pas par exemple pour les cours de la faculté de droit. J’étais également intéressé par la faculté de médias, mais attention, car les cours de celles-ci ne sont pas toujours ouverts aux étudiants Erasmus, c’était le cas pour ce premier semestre.

L’impressionnant château de Bratislava surplombe la ville.

Je ne m’attarde pas plus longtemps sur Bratislava, que vous avez découvert dans cet article
à travers trois expériences, avec leurs similitudes et leurs différences. Gardez en tête que les pays que l’on connaît moins ont parfois pleins de surprises à nous faire découvrir. Vivre à Bratislava a été un moyen enrichissant de découvrir la vie quotidienne des Slovaques et de manière plus générale des habitants de l’Europe centrale (puisqu’attention ici pas question de parler d’Europe de l’Est!)

Je vous invite également à retrouver un morceau de notre expérience dans la story à la une Bratislava 22 de la 3ananas sur instagram et à venir nous poser des questions afin que Bratislava ait moins de secret pour vous. En vous souhaitant à tous une merveilleuse 3A, qu’importe où elle se déroule. Dovidenia !

Doucia

Je pense qu’on a tous au fond de nous une image de la 3A, une idée de ce qu’on va vivre, de ce qui va se passer. Pour moi c’était un des critères qui m’a fait postuler à Sciences Po. Vivre un an à l’étranger, le rêve. J’avais une idée bien claire de ce que je voulais, et j’imaginais déjà une aventure qui allait me transformer. La vérité, c’est qu’après deux mois en Slovaquie, ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais.”

Un projet chamboulé

Pour vous raconter ma petite histoire, au départ, je souhaitais partir dans un pays slave, en
Ukraine ou en Russie, idéalement. J’ai bien choisi mon année… Je souhaitais particulièrement
la Russie, Saint-Pétersbourg. J’avais commencé le russe, les paysages m’attiraient, la ville
des Tsars, … Si je n’avais pas Saint-Pétersbourg, car c’était un choix assez demandé, je partais
à Kiev.

Première déconvenue, le partenariat avec Kiev a été supprimé en novembre 2021, juste avant
que je fasse mes choix. Pas le bon timing, il faut croire ! Mais bon, ça n’était pas grave, mon
premier choix restait Saint-Pétersbourg. Je dépose mon vœu mais je ne suis pas sûre de
partir, car il n’y a que deux places et nous sommes trois à demander la capitale des Tsars…
Les résultats tombent en février. C’est acté, je pars à Saint-Pétersbourg. Je suis heureuse,
c’est incroyable ! Mais ne jamais crier victoire trop tôt. Trois semaines plus tard, la guerre en
Ukraine est déclarée. Plus de contacts avec Saint-Pétersbourg, les étudiants partis reviennent
en France, Science Po me dit de formuler de nouveaux vœux.

Une semaine pour choisir

Pour être honnête, à partir de ce moment-là, je savais que je n’allais plus partir en Russie.
J’étais vraiment déçue, mais il faut faire avec, n’est-ce pas ? Alors j’ai repris ma liste de vœux
pour regarder où il restait des places. Dans mon deuxième vœu, il restait une place. En plein
mois de mars, je l’ai décidé, je partais finalement en Slovaquie.
Comme le nombre de places en Russie n’étais pas sûr, je m’étais déjà bien renseignée sur
ce deuxième vœu. J’avais fait ce choix pour l’Europe, ça me paraissait intéressant. Un pays
si peu connu, bien situé en Europe pour voyager. En plus, on nous avait aussi vendu des
cours de maniement de caméra. Souhaitant faire le master de journalisme en partenariat avec l’ESJ, ça me paraissait être un bon choix. Voilà, en une semaine, je passais d’une 3A en Russie à une 3A
en Slovaquie.

Dans les jardins du château de Bratislava.

Et c’est parti ? C’était officiel, je ne partais plus en Russie, et la pilule a été difficile à avaler. Mais des gens étaient sous les bombes, clairement je n’allais pas faire la petite égoïste à me plaindre pour ça. J’irais en Russie un jour dans ma vie, pas cette année-là seulement. J’ai commencé à me renseigner davantage sur la Slovaquie et les pays aux alentours, mais je vous avoue ne pas être aussi motivée que je l’espérais. Je n’attendais pas autant la 3A que quand on me la vendait en première année. Et pourtant, début septembre, je me suis envolée pour vivre l’expérience slovaque.

BratislaQuoi ?!

Le 5 septembre, j’arrive à Bratislava. Après un périple en avion, une nuit en auberge à Vienne et un bus de Vienne à Bratislava, je suis dans ma nouvelle ville. Il fait beau, à Vienne je rencontre des gens très sympathiques, ils visitent l’Europe, ils font des interrails, ils me donnent envie de visiter toute l’Europe.

A Bratislava, c’est mon propriétaire qui vient me chercher à la gare routière. Il me dépose à l’appartement, me fait visiter et il part. C’est mon nouveau chez moi. Ce qui me frappe, ce sont les murs verts pétants de ma chambre, c’est un peu entêtant mais on s’y fait. Je me rappelle visiter la ville. J’ai aimé sa petite taille, ses bâtiments, le mélange du communisme et de l’esprit Austro-Hongrois, le château qui surplombe la ville.

Des immeubles de la ville.

Bratislava, inconnue au bataillon pour beaucoup de mes proches, c’est très mignon. Seuls les gens sont différents. Pas très expressifs, plutôt froids, mais pas antipathiques, indifférents je dirais. C’est cela qui me choque le plus. La culture est différente, ils ont peur des inconnus, des étrangers, des différences et ne s’ouvrent qu’à vous que dans des endroits privés à l’abri des regards. Les bars, les boîtes sont pour la plupart cachées et ça m’intrigue. Les gens sont calmes et ne font pas de scandales. C’est différent de chez nous mais on s’y fait, on finit par les comprendre quand on découvre leur histoire notamment.

Et la vie reprend son cours …

La vie finit par s’installer calmement. Je ne suis pas submergée de cours, mais j’aime ce que
je fais. Ce sont des cours de psychologie et de communication. Je sens que même si je n’ai
pas énormément de cours, les profs sont impliqués et je me souviendrais de ces cours
longtemps après, j’apprends des choses. J’adore avoir la possibilité de découvrir la
psychologie, ça faisait longtemps que je voulais en faire et je trouve ça enrichissant. L’école
est petite, ce n’est pas le plus facile pour rencontrer des gens, mais il faut envoyer des
messages et on trouve toujours.

Je pense que c’est une sensation que tous les étudiants à l’étranger rencontrent. C’est une période où l’on peut facilement se sentir seul. On sait tous que les relations que l’on crée sont pour la plupart éphémères, que ce n’est pas notre vie entière. Alors on se retrouve pas mal face à soi même. Mais ce n’est pas si mal. Ici, j’ai le temps de réfléchir sur moi, mes projets, mon avenir et je me rends compte de quoi je suis capable.

Sans regards autour de nous, sans personne qui nous force, sans personne qui nous connaît,
on redécouvre ce que l’on aime faire, ce pour quoi on est doués, on prend du temps pour
nous.

Je pense que c’est finalement comme cela que je décrirais ma 3A, une année où l’on se
recentre. J’ai voyagé en Slovaquie, en Hongrie, en Tchéquie, en Croatie, en Slovénie, je
m’améliore, je m’adapte mieux aux changements, je me concentre sur mes idées, sur ce que
je veux pour plus tard. C’est rafraîchissant de se poser et de découvrir ce que l’on aime faire,
quand personne ne nous regarde.

Malgré des projets chamboulés, j’aime cette expérience. La communauté Erasmus est
vraiment intéressante. Discuter des différences culturelles, de nos pays, des préjugés. J’adore
rencontrer tous ces gens, même si c’est éphémère. J’aime faire face à la solitude, cela me
permet de mieux me comprendre et même si ce n’est sans doute pas l’année dont j’avais rêvé,
je pense qu’elle va me faire évoluer pour le mieux !

Marienka, Annette et Doucia