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Edito de rentrée : journalisme, Picrights, panique à la fabrique

La rentrée des associations à Sciences Po Lille est devenue, au fil des années, une tradition. On peut difficilement imaginer une inté sans les soirées du BDE, les évènements du BDA, les compétitions du BDS. Le choc inter-bureaux fait ressortir toute la créativité et la motivation qui anime chaque étudiant, qu’ils soient 2A, 4A voire même les très occupés 5A. Puis, lorsque les cours commencent, l’éventail associatif que propose Science Po s’étoffe véritablement et permet à (presque) tous les étudiants de se trouver une activité qui peut le sortir pour au moins un instant des angoisses de la vie étudiante. Les élèves peuvent s’essayer à un large choix de sport avec le BDS, dont le badminton qui a particulièrement besoin d’aide en ce moment, découvrir l’œnologie avec la Déroute Des Vins, s’ouvrir à de nouvelles cultures ainsi qu’aux nombreuses problématiques socio-économico-culturelles qui les accompagnent avec Maïdan, Taishan ou encore Méla’ Lille. Munwalk et l’Arène simulent de véritables assemblées délibérantes où chacun peut exposer son point de vue ou s’engager dans un jeu de rôle où la défense de votre nation demandera tous les sacrifices moraux possibles. Et nous n’avons pas encore cité la Ruche, les assos journalistiques comme SPL TV, le Jeu de l’Oie ou la nôtre… 

Si tout cela vous paraît merveilleux, ne vous inquiétez pas, ça l’est aussi pour nous. Imaginez alors notre surprise quand cette idylle vient percuter un terrible imprévu, tel une mouche contre un pare-brise sur la départementale du coin. C’est le 16 août 2023, en pleine vacances d’été que nous recevons un mail d’une entreprise basée en Suisse nommé Picrights. Ils sont entre autres payés par des agences de presse come Reuters ou l’AFP afin de protéger leurs images, vidéos. Picrights prévient généralement les potentiels voleurs d’image à l’avance, intimant la suppression des photos ainsi qu’une compensation financière, sans quoi ils amèneront l’affaire devant la justice. 

Pour une image appartenant à l’AFP postée sur Facebook en février dernier, illustrant une des cinq actus de la semaine, la Manufacture doit supprimer le post l’affichant et verser 450€ d’ici le 7 septembre au compte de Picrights (basé en Suisse, hasard ?), sans quoi ils engageront des poursuites judiciaires. Après avoir intensément paniqué, la Manufacture décide de s’opposer aux demandes légèrement exagérées de l’entreprise helvète, sur des points solides fournis par des cabinets d’avocats donnant des conseils gratuits. La photo réclamée ne semble pas originale et par conséquent, Picrights ne peut nous demander de leur verser un tel montant. Se lance alors une période de vingt jours de doute, de stress, de mails, d’appels (parfois à l’aide) à la direction de Science Po Lille, au cabinet d’avocat Allo Victime dont le numéro de téléphone est en annexe, puis à deux avocates différentes spécialisées en droit de la propriété intellectuelle (deux car l’une d’entre elle avait un conflit d’intérêt avec l’AFP), qui nous racontent que même si techniquement, l’asso est en tort, les 450€ ne sont pas justifiables devant un juge car ils sont réclamés pour dommages et intérêts, l’arnaque de Picrights nous aura simplement coutée une petite frayeur. Nous ne pouvons pas être plus honnête quand on vous dit que nous aimerions vraiment diriger une asso qui soit capable d’infliger à l’AFP un tort dont la compensation financière puisse s’élever à 450€. Cependant, c’est un simple webjournal étudiant, participatif qui se présentera devant vous ce vendredi 15 septembre, aux côtés des autres assos journalistiques de Sciences Po Lille afin de vous proposer “Notre PROJEEEEEEEEEETTTTTT” pour cette année 2023-2024.  

Cette mésaventure est derrière nous, du moins nous l’espérons, et elle n’impactera pas le travail de La Manufacture cette saison. Nous attaquons la rentrée avec l’envie de raviver le dialogue, des débats et des projets collectifs. Vous l’aurez compris : partenariats et tribunes sont au programme. Si tu souhaites t’emparer d’un sujet, un fait qui t’indigne ou une action que tu veux partager au plus grand nombre, nous accueillerons cette initiative avec plaisir. La Manufacture se propose d’être ce lieu d’échanges apaisés. Des conférences sont aussi prévues pour que le journalisme retrouve de sa superbe à Sciences Po Lille. Le double-diplôme avec l’ESJ fait l’objet de nombreuses candidatures chaque année, autant en profiter ! Les articles de nos rédactrices et rédacteurs te convaincront peut-être de venir parcourir nos colonnes, de lire nos quelques lignes, puis à ton tour, de saisir la plume !   

 

Maël Castagnoli et Mathis Hardouin