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Côté Ciné #3 : Lady Bird (2017)

Alors que la plupart des teen-movies traitent de l’adolescence avec plus de niaiserie que de réalisme, Lady Bird aborde la transition de l’enfance à l’âge adulte avec modernité et délicatesse. Greta Gerwig signe ici un véritable coming-of-age movie -couronné de deux Golden Globes-, où tout le monde peut se reconnaître dans le parcours initiatique de l’héroïne, une adolescente rebelle et créative des années 2000, coincée dans la triste banlieue de Sacramento, en Californie.

Disponible sur Amazon Prime Vidéo, à la location.

Côté réalisatrice

Née en 1983, Greta Gerwig est une réalisatrice, scénariste et actrice connue pour son appartenance au mumblecore, mouvement du cinéma indépendant américain apparu au début du XXIème. Lady Bird est sa première réalisation dont elle a aussi écrit le scénario. Originaire de Sacramento où elle a été élève dans un lycée catholique pour filles, comme son héroïne, la cinéaste puise dans sa propre expérience pour son premier film qui sera nommé aux Oscars et remportera deux Golden Globes. Pour son deuxième film sorti en 2019, Gerwig adapte le classique de la littérature américaine de Louisa May Alfort, Les quatre Filles du Dr March, qui rencontre un véritable succès critique et commercial.

Côté scénar’

Christine « Lady Bird » McPherson, lycéenne rebelle et artistique, étudie dans une institution catholique dans la petite ville californienne de Sacramento. Alors que sa famille fait face à des difficultés financières et que sa mère Marion se démène pour maintenir sa famille à flot, Lady Bird ne pense qu’à une chose : s’envoler vers une université d’excellence de la côte Est, dans une « ville culturelle » pour réaliser son rêve de devenir une écrivain célèbre. A l’approche de ses 18 ans, elle veut s’émanciper de cette existence étroite et ennuyeuse, où rien ne lui convient, pas même son prénom. Avec sa meilleure amie Julie, Lady Bird s’inscrit à un cours de théâtre, y rencontre son premier amour, trouve un travail de serveuse, se rapproche puis s’éloigne des « populaires » du bahut, expérimente ses premières déceptions sentimentales et, surtout, entretient des rapports complexes avec sa mère. Tout au long de sa senior year, Lady Bird se frotte au monde, à la société, à sa mère et aux autres, essayant tant bien que mal de trouver sa place et de tracer enfin son propre chemin.

Côté casting

C’est l’actrice irlandaise Saoirse Ronan qui prête ses traits à l’adolescente aux cheveux rouges, rôle qui lui vaudra sa troisième nomination à l’Oscar de la meilleure actrice à 23 ans. Souvent insupportable mais terriblement attachante, Ronan incarne parfaitement cette jeunesse intense et égocentrique, pour qui la communication avec les adultes s’avère relativement défaillante. A noter que Ronan retrouvera Greta Gerwig pour le rôle principal de la fonceuse Jo March dans Les quatre filles du Dr March, avec une quatrième nomination aux Oscars à la clé. Aux côtés de Laurie Metcalf qui campe sa mère Marion, elle forme un duo mère fille dont les scènes de dialogue (et souvent de dispute) sont criantes de sincérité. Au milieu de ce véritable champ de bataille, l’émouvant Tracy Letts incarne avec justesse un père dépressif qui tente de renouer le dialogue entre les deux camps. D’autres jeunes mais talentueux acteurs et actrices complètent cette distribution : Lucas Hedges, vu dans de gros succès critiques comme Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan, Three Billboards de Martin McDonagh ou encore Boy Erased de Joel Edgerton, Beanie Feldstein, petite soeur de Jonah Hill, qui incarne l’hilarante et touchante meilleure amie de l’héroïne, et enfin l’excellent Timothée Chalamet qu’on ne présente plus.

Côté réalisation

Avec une superbe photographie couleur pastel et des dialogues saccadés, Gerwig fait s’enchaîner les saynètes à un rythme rapide et léger. La musique est très peu présente, les personnages parlent tous en même temps, les dialogues se chevauchent (comme dans la vraie vie en somme). La réalisatrice ne fait pas de cadeau à son héroïne qui passe par beaucoup de galères, s’ennuie pas mal et se cherche énormément, en montrant la banlieue de Sacramento comme une ville ennuyeuse, où il n’y a strictement rien à faire. Gerwig filme ses acteurs et actrices comme de vrais personnages imparfaits et naturels, qui ne correspondent pas toujours aux canons de beauté (sur le tournage, Saoirse Ronan n’était que très peu maquillée pour que son acné apparente ajoute de la crédibilité physique à l’adolescente qu’elle incarne par exemple). 

Côté recommandation

Vous l’aurez compris, Lady Bird est un film qui parle de l’entrée dans l’âge adulte, avec justesse, humour, légèreté, mais aussi une pointe de mélancolie. L’enchaînement des scènes rapides et rythmées peut parfois donner une impression de catalogue un peu superficiel, mais semble surtout dévoiler un vieux journal intime d’adolescente, peut-être celui de Greta Gerwig (même si attention, l’histoire reste fictionnelle). Selon moi, le point fort du film reste les scènes entre Lady Bird et sa mère, qui sont juste incroyables tellement elles semblent authentiques. La véritable love-story, c’est donc bien celle qui unit ces deux personnages, alors qu’elles sont incapables de communiquer. Et sans trop spoiler, la fin du film clôt parfaitement le parcours initiatique de Christine, puisqu’elle prend enfin conscience de l’importance des valeurs transmises par sa famille dans son enfance.

Julie Schoose