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CÉSAR ET OSCARS 2019 : On commente le palmarès !

Jusqu’à la garde, Shéhérazade, Green Book, Roma… Ce week-end, français et américains ont célébré une distribution de trophées dorés, César pour les uns et Oscars pour les autres, remises au « meilleurs crus » de leur cinéma national. Retour en coups de coeur (et en quelques coups de gueule) sur les grands gagnants de ces cérémonies.

Côté français pour commencer, le grand vainqueur fût sans surprise Jusqu’à la garde, premier film haletant de Xavier Legrand, auréolé de quatre prestigieux César : meilleure actrice pour Léa Drucker, meilleur scénario, meilleur montage, et bien sûr, la récompense suprême de meilleur film. Sorti il y a déjà plus d’un an, ce drame familial aux connotations de thriller horrifique n’a pas été oublié par la profession, ni par le public qui a fait bénéficier au long-métrage d’un excellent bouche à oreille.

Plus surprenant en revanche, le triomphe de Shéhérazade, dont le César du meilleur premier film, ainsi que ceux du meilleur espoir féminin et masculin mettent en lumière la jeunesse et la spontanéité de cette oeuvre. Entouré d’acteurs non professionnels, le cinéaste Jean-Bernard Marlin y dépeignait avec panache une romance adolescente dans les quartiers populaires de Marseille.

Parmi les autres lauréats, nous pouvons noter la victoire du faux documentaire Guy, dont la musique et l’interprétation étonnante d’Alex Lutz (également scénariste et réalisateur de cette pépite) furent récompensées à très juste titre. Sans oublier un prix, malheureusement unique mais mérité, pour Le Grand Bain, ou plus précisément pour le comédien et chanteur Philippe Katerine qui y tient un merveilleux second rôle.

Enfin, puisqu’il n’y a pas de cérémonie des César sans spectateurs qui râlent (j’en fais évidemment partie) : le scandale de la soirée est attribué au western anglophone Les Frères Sisters de Jacques Audiard ! Si l’on peut comprendre ses distinctions « techniques » (meilleur son, meilleure photo et meilleurs décors), son prix de la meilleure réalisation fait grincer des dents, tant Jacques Audiard en a déjà raflé par le passé… Et pour des choses bien plus réussies par ailleurs (De battre mon coeur s’est arrêté, puis Un Prophète, sans compter un César de la meilleure première oeuvre pour Regarde les hommes tomber et un quatrième pour le scénario de Sur mes lèvres).

Outre atlantique ensuite, les Oscars du meilleur film, du meilleur scénario original et du meilleur second rôle masculin ont été décernés à Green Book. Un touchant buddy movie où son réalisateur Peter Farrelly érige l’humour et le dandysme en rempart contre la ségrégation dans les années 60, là où, de nos jours, Donald Trump souhaite ériger un mur contre l’immigration.

En effet, bien souvent aux Oscars, la victoire est éminemment symbolique, comme cet Oscar du meilleur scénario adapté attribué à l’afro-américain Spike Lee, auteur fortement engagé de l’excellent Blackkklansman, ou bien ces Oscars « techniques » remis à Black Panther (meilleurs costumes, meilleurs décors et meilleure musique), qui saluent une présence inédite de la culture africaine dans le genre du Blockbuster de super-héros.

Autre triomphe majeur : le mexicain Alfonso Cuarron, reparti de la soirée avec trois statuettes (meilleure photo, meilleur réalisateur et meilleur film étranger) pour Roma, un drame intimiste sublimé par une impressionnante mise en scène en noir et blanc.

Enfin, même si La Favorite de Yorgos Lanthimos méritait sans doute davantage de prix, le sacre de l’actrice Olivia Colman pour sa composition hilarante en Anne d’Angleterre est une réjouissance. Il en va de même pour Shallow, titre phare de A Star is Born, désignée meilleure chanson originale. Plaisir coupable, mais assumé, que Lady Gaga et Bradley Cooper sont d’ailleurs venus chanter au cours de la cérémonie. Malheureusement, aux beaux yeux du comédien et à ses prestations live dans cette épopée romanesque, les votants ont préféré pour l’Oscar du meilleur acteur la prothèse dentaire et les playbacks de Rami Malek dans Bohemian Rhapsody, pâle et paresseux biopic de Freddie Mercury qui, pour une raison absolument mystérieuse, a entre autres obtenu l’Oscar du meilleur montage.

Il nous reste néanmoins une consolation (et pas des moindres). La victoire d’un long-métrage qui compte parmi les propositions les plus audacieuses et les plus contemporaines de cette sélection : Spider-Man – New Generation, sacré meilleur film d’animation au nez et à la barbe, s’il vous plaît, de Disney ! Ça s’applaudit.

Nominations et palmarès complet des César 2019 : http://www.academie-cinema.org/ceremonie/palmares.html

Nominations et palmarès complet des Oscars 2019 : https://www.oscars.org/oscars/ceremonies/2019

Amaury Foucart