Deux petites boules jaunes qui discutent. C’est comme ça que commence le premier film du festival de court-métrage de Lille, catégorie internationale. Je fais partie de ces personnes qu’on pourrait qualifier de « peu réceptives » à l’art contemporain. Mais franchement, ça n’a pas été un problème. Il y en a pour tous les goûts et les créations sont toutes plus originales les unes que les autres !
Une p’tite bière dans un canap’ ?
Je m’avance timidement vers l’hybride, le cinéma le plus proche de l’IEP. J’ai toujours peur d’être en retard mais pour une fois je suis en avance. « Ah mais c’est le journal de Sciences Po Lille ! ». Apparemment la Manufacture est déjà passée par ici… Je n’étais pas prête : des ribambelles de canapés dans la salle de projection ! Qui plus est, un large choix de nourritures et de boissons dans une ambiance chaleureuse. J’ai l’impression d’être entrée dans la tanière de l’art, l’endroit où se créent et se diffusent toutes les inspirations. C’est pourquoi je me demande ce que je fais là, avec mon carnet de notes et mon stylo « Sciences Po Lille » parmi tous ces artistes dans l’âme. Mais je suis là pour vous parler des films.
Des petites boules jaunes qui parlent !
Une fois mon petit carnet rangé (ça faisait trop « sérieux »), les lumières s’éteignent. Dans la salle, j’entends un public qui parle toutes les langues. Et effectivement, le premier film est allemand. Il est sous-titré en japonais et en français, mais des petites boules jaunes parlent tranquillement de leurs souvenirs de vacances, en espagnol. Ces boules jaunes deviennent peu à peu de vrais humains. Je ne peux m’empêcher de lâcher un « waaa c’est beau ! » en voyant les couleurs chatoyantes de cette animation. Et j’ai l’impression d’avoir de nouveau six ans en disant cela dans une salle de cinéma.
Comment cacher le cercueil de papa, ne plus boire de bière et peut-on juger le sadomasochisme ?
Les films s’enchainent. En tout, il y en a quatre autres après Viaje a Japan (les petites boules jaunes, qui n’étaient pas des boules jaunes en fait… Mais pas de spoil, vous irez le voir). Les court-métrages sont Turc, Britannique, Allemand et Belges. Les thèmes sont la vie d’Arnaud (un jeune homme belge), les funérailles d’un père dans la campagne turque, un ours qui ne trouve pas le sommeil et l’arrestation d’un groupe de 16 hommes pour sadomasochisme au Royaume-Uni dans les années 1970. Ce dernier est sûrement celui qui m’a fait le plus réfléchir, parenthèse philosophique de la soirée.
Nuit Chérie : mon coup de cœur
Depuis le début je ne fais que donner mon avis alors je ne compte pas m’arrêter là. Nuit Chérie est une animation belge réalisée en 2018. Dans un magnifique pays imaginaire, un ours bleu n’arrive pas à hiberner et commence à déprimer. Soudain, un singe blanc un peu enfantin vient lui proposer une ballade nocturne pour lui remonter le moral. Les décors féeriques et certains personnages évoquent spontanément ceux de Michel Ocelot (le réalisateur de Kirikou) et plus particulièrement ceux d’Azur et Asmar. C’est la deuxième fois dans la soirée que j’ai l’impression d’avoir six ans.
Quand je demande à la réalisatrice quels films l’ont influencé : « En fait, tout est parti du scénario, ensuite j’ai imaginé les décors » elle ajoute qu’elle a fait le film en six mois. Les spectateurs insistent mais à part un personnage inspiré de Grand-mère feuillage dans la version de Disney de Pocahontas, il n’y a pas d’influences. Quelque chose de vraiment magique et d’enchanteur se dégage de Nuit Chérie. Mais encore une fois, allez juger par vous-même!
Y aller :
Où ? : à L’Hybride et au Palais des Beaux-Arts
Quand ? : jusqu’à samedi, programme consultable ici
Tarifs : 3€ à L’Hybride/ Prix libre aux Palais des Beaux-Arts
Pour voir les mêmes œuvres que moi :
-ce soir à 22h à L’Hybride
-samedi à 22h également mais au palais des Beaux-Arts
Il faut arriver au moins dix minutes en avance : les canapés sont plus confortables que les chaises en plastique.
Marion Galard