Passer au contenu

Portrait de Mathilde Ollivier, la benjamine du Sénat sortie de Sciences Po Lille

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec la nouvellement élue sénatrice, Mathilde Ollivier, 29 ans, diplômée de notre IEP, et représentante des Français.es établis hors de France pour une durée de six ans. Voici donc son parcours, ses projets, et ses messages pour la jeunesse. 

Le parcours de Mathilde Ollivier et sa fonction

Mathilde Ollivier est la benjamine du Sénat et elle représente les Français et Françaises établis hors de France depuis maintenant trois mois. Originaire de Rennes en Bretagne, elle a fait ses études entre Sciences Po Lille, en FIFA, et l’Université de Münster en Allemagne, où elle a obtenu un master en affaires européennes en 2017. À ce moment, elle n’était  « pas encore investie en politique », mais se concentrait sur ses études. Elle a fait son stage de fin d’études à Vienne, à la représentation permanente française à L’ONU, puis y a emménagé. Mais ce n’est qu’en 2019 qu’elle s’est engagée en politique, au moment des dernières élections européennes. Elle a été « élue conseillère des français.es de l’étranger et conseillère de l’assemblée des français.es de l’étranger » en 2021 lors des élections consulaires, en même temps qu’elle occupait des positions au sein du parti écologiste au niveau régional. Ensuite, elle a candidaté et a été élue aux élections sénatoriales de 2023. Elle siège notamment au sein de la Commission Culture (éducation, enseignement supérieur et recherche, patrimoine, sport, jeunesse, vie associative). Elle est également vice-présidente de la commission des affaires européennes du Sénat.

Mais il est intéressant de se demander pourquoi ce parcours l’a menée au Sénat et non pas à l’Assemblée Nationale : Mathilde Ollivier a été cheffe de file des écologistes lors des législatives de 2022. Par la suite, lors de l’accord de la NUPES, c’est une membre du parti LFI qui a été nommée candidate et Mathilde Ollivier était alors sa suppléante. Cependant, le député LREM sortant a été réélu dans cette circonscription.

Projets au cours de ce mandat

Pour l’instant, il tient à cœur à Mathilde Ollivier de mener au mieux ce mandat, sans trop se projeter au-delà, puisque ses domaines d’intérêt sont déjà nombreux. Elle met un point d’honneur à se pencher sur le sujet de la jeunesse : « je pense que c’est mon rôle en tant que jeune sénatrice de faire la porte-voix au sénat des problématiques rencontrées par la jeunesse aujourd’hui ». L’actualité s’impose à l’ordre du jour pour la jeune sénatrice, qui souhaite aussi se pencher sur la question des sports, dans le contexte des JO 2024, et de la discussion autour des JO 2030. En effet, pour les écologistes, il y a une « parole singulière à porter autour de la vision du sport d’aujourd’hui et de demain et de la manière d’organiser les grands événements sportifs ». À ce domaine, Mathilde Ollivier souhaite lier les questions féministes. En effet, le monde du sport reste très masculin et « il est indispensable de travailler à la meilleure représentation des femmes dans ce domaine ». Enfin, la sénatrice a pour projet de poursuivre sa mobilisation active autour de l’exploitation des fonds marins et la protection des océans, sujet qui, rappelle-t-elle, lui tient à cœur du fait de ses origines bretonnes.

Être une femme jeune en politique, dans un monde d’hommes dont la moyenne d’âge frôle les 60 ans.

En tant que femme, âgée de seulement 29 ans, benjamine du Sénat, Mathilde Ollivier s’est bien sûr posé la question de sa légitimité, mais elle veut combattre un sentiment d’illégitimité qui pourrait lui être procuré par ce milieu : « Je trouve que c’est important de se dire que l’on a sa place, on a sa place partout, dans toutes les institutions, et nos institutions démocratiques sont là pour représenter notre population française dans toute sa diversité. » Selon elle, il s’agit d’un enjeu démocratique, il est nécessaire que cette jeunesse soit représentée dans nos institutions. Mathilde Ollivier tient à porter cette voix de la jeunesse dont elle pense l’investissement au niveau local indispensable. En effet, alors que la majorité des maires français est à la retraite, peut se poser la question de la possibilité d’exercer ce type de mandats quand on exerce une autre activité en parallèle, notamment celle d’étudiant. L’engagement des jeunes au niveau local devrait pouvoir aider à une meilleure représentation de ceux-ci au sein de nos institutions, notamment au Sénat.

Question de la représentativité des élus

Après avoir discuté de la professionnalisation politique dont nous parlons beaucoup en première année à Sciences Po, nous avons demandé l’avis de Mathilde Ollivier au sujet de la représentativité des élus. Bien qu’une représentation « miroir » soit un défi compliqué à relever, elle juge important d’y travailler, notamment au niveau des partis politique dont « c’est aussi la responsabilité que de permettre cette représentation ». La manière dont fonctionnent actuellement nos systèmes politiques dépend en grande partie du vote et de la désignation des candidats au niveau des partis politiques. Si l’on remarque en partie une telle volonté à gauche, c’est un vrai enjeu partisan, dans toutes les orientations politiques, d’ouvrir la représentation politique à différentes classes sociales, origines, et aussi aux femmes, pour les porter au pouvoir. D’après Mathilde Ollivier, s’il s’agit d’un défi de taille dans le cadre de la Vème République et, dans l’éventualité d’un basculement à une VIème République, il faudrait réfléchir à de nouvelles institutions favorables à cette « représentation miroir ». Pour elle, un certain nombre de stratégies peuvent être mises en place comme donner plus de places à des conventions citoyennes.

 

La « carrière politique »

Tout d’abord, la sénatrice semble insister sur le fait que la politique ne soit pas une carrière, « nous ne sommes pas des professionnels de la politique, on exerce des mandats ». Elle explique qu’il est important de s’engager pour ses valeurs et ensuite de trouver un moyen pour les porter à différents niveaux et par plusieurs moyens dans le but de « faire avancer le combat ». Ce sont donc les valeurs qui précèdent la carrière et non l’inverse. Cependant, il est tout de même possible d’accéder à des postes politiques comme attaché parlementaire en passant par des cursus tels que Sciences Po mais encore une fois, selon elle, ceux-ci doivent être alignés avec nos valeurs personnelles car travailler pour une personne dont on ne partage pas les combats peut être très drainant étant donné qu’il s’agit d’un travail « très prenant, qui mobilise beaucoup ». Finalement, elle nous indique que les valeurs sont également le point central du parcours politique, étant donné que le soutien de militants et d’élus locaux est nécessaire et que sans valeurs à porter, ce soutien ne peut s’acquérir : « c’est de ma responsabilité de porter ces valeurs dans le cadre de mon mandat ».

Une semaine type de sénatrice

Mathilde Ollivier explique que l’emploi du temps du Sénat est semblable à celui de l’Assemblée nationale, « on a à peu près la même organisation ». Chaque jour a lieu une activité différente : le lundi et vendredi, les sénateurs se rendent dans leurs circonscriptions, le mardi et le jeudi ils sont au Senat où ont lieu des réunions en groupes politiques, des auditions de commissions, des passages de textes ou encore des réunions de commissions permanentes : « moi par exemple, c’est la commission culture ». Le mercredi ont lieu les questions au gouvernement, « un temps fort », un élément clef du contrôle que le parlement exerce sur le gouvernement. « Au Sénat, elles ont lieu à 15h ». Mathilde Ollivier ajoute cependant que son cas comporte certaines particularités : étant donné qu’elle représente les Français à l’étranger, elle devrait normalement se rendre tous les lundis et vendredis dans sa circonscription, or cela n’est donc pas possible et elle s’y rend alors durant les pauses parlementaires, « pendant les semaines où l’on n’a pas de travail législatif ». Le jeudi, elle siège également à la commission des affaires européennes.

 

Les jeunes dans la lutte contre le réchauffement climatique

Mathilde Ollivier raconte que son parcours politique a débuté par son engagement au sujet des enjeux climatiques, son écoanxiété l’a menée aux marches du climat et c’est à ce moment-là qu’elle s’est questionnée sur la meilleure manière de s’engager. D’après elle, l’engagement des jeunes est un élément important de la vie politique qui ne doit pas être considéré comme étant inutile. L’engagement des jeunes permet de rendre visible des combats et de faire pression sur les gouvernements au sujet de certains enjeux. C’est pour cela qu’il s’agit d’un des enjeux qu’elle porte au Sénat. Elle estime que « c’est par la mobilisation civile que l’on peut faire plier les gouvernements » et que le travail au Sénat constitue « un continuum entre l’action militante, l’action des associations et des collectifs sur le terrain » . Les sénateurs en sont, pour Mathilde Ollivier, les « porte-voix » au parlement.

 

MELHEM Lina et GRAND-PERRIN Clémentine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.