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Séries Mania : le Soft power des comédies romantiques

Le dimanche 17 mars à 16h30, la grande salle du Théâtre du Nord était remplie de fans de comédies romantiques venus du monde entier, à l’occasion de la tant attendue conférence « Le Soft power des comédies romantiques » animée par le chroniqueur et journaliste culturel Benoît Lagane. À l’occasion, trois célébrités du monde des séries (et pas du « cinéma » qui, à Séries Mania, est un gros mot à ne surtout pas dire) étaient présentes. Trois profils aussi différents que complémentaires.

Nous avons bénéficié du point de vue de Shirine Boutella (actrice, notamment dans Christmas Flow sur Netflix) qui abhorre les comédies romantiques, auxquelles la réalité s’oppose systématiquement. Les spectateurs ont aussi bénéficié de la douceur et l’expertise de Marianne Levy (autrice et scénariste spécialisée dans la comédie romantique) dont « les comédies romantiques ont changé la vie ». Enfin, Clémence Madeleine-Perdrillat (autrice, scénariste et réalisatrice) a partagé son expérience de réalisation qui, bien qu’elle ne se limite pas aux Romcoms, lui a permis d’en comprendre les codes et leur impact sur notre réalité.

Un « militantisme par l’amour et par l’humour »

Si l’amour, face à ce que les Romcoms dépeignent, semble décevant, ce genre « est le genre de nos vies ». En effet, Marianne Levy en a expliqué le caractère fondamental : « Sur mon lit de mort, je ne me poserai pas la question de l’économie mondiale, je me demanderai si j’ai aimé, si j’ai été aimée. Ce qui nous reste, ce sont les histoires d’amour ». Elles sont un refuge, source de tendresse, résultats de codes précis, d’un panel de « storybeats » attendus, et sans lesquels la comédie romantique n’en est pas une. Ces codes seraient davantage un terrain de jeu qu’une contrainte, que les scénaristes peuvent s’approprier pour ensuite en faire ce qu’ils veulent et délivrer leur point de vue sur la vie. Les Romcoms sont loin d’être aussi simples qu’elles n’y paraissent, il s’agirait même peut-être d’un des genres les plus durs à écrire, et pourtant qualifié de sous-catégorie du cinéma. Peut-être même s’agirait-il d’une « catégorie non-avouée », cachée par d’autres genres comme le suggère Benoît Lagane : Gossip Girl, Lois et Clark, ou encore Ally McBeal : ces séries ne cacheraient-elles pas une quête du grand amour en creux des autres enjeux qu’elles soulèvent ? L’industrie de la télévision ferait souvent cela : croiser les genres pour augmenter son audience.

Les trois célébrités utilisent leurs expériences dans le tournage de Christmas Flow (Shirine Boutella), la réalisation d’Irrésistible (Clémence Madeleine-Perdrillat) et l’écriture de Les Comédies Romantiques, (Marianne Levy) pour analyser la question. Pour elles, il n’y a pas plus politique qu’une Romcom : elles s’inscrivent dans le contemporain, elles sont proches des gens, et délivrent selon Marianne Levy le message que « l’autre est une chance, pas un problème : celui qui n’est pas comme toi ne peut que t’améliorer ». Un peu compliqué de ne pas prendre ce beau message avec des pincettes en tant qu’étudiant.e à Sciences Po et que les enjeux contemporains semblent bien plus complexes que notre simple relation à l’autre. Mais ce « militantisme par l’amour et par l’humour » permet, sans doute aucun, de mettre au jour des problématiques actuelles telles que le féminisme : c’est le cas dans Christmas Flow, dans Coup de foudre à Notting Hill, rare comédie romantique dans laquelle la femme occupe une position sociale supérieure à l’homme, ou encore dans Quand Harry rencontre Sally qui aborde le plaisir féminin, notamment lors de la scène dans laquelle Meg Ryan simule un orgasme. Les Romcoms permettent aussi bien sûr de mettre sous le feu des projecteurs différents types d’amours, parfois peu acceptés par la société : c’est le cas dans Sex Education qui aborde aussi bien les questions du genre, de la sexualité, du handicap, que celles de l’adolescence et de l’amitié.

Cette conférence était l’une des quatre organisées dans le cadre du festival international Séries Mania, et deux auront encore lieu avant la fin du festival, vendredi ;

Mercredi 20 mars à 14h au Théâtre du Nord : Elisabeth Tanner : “Meet my agent

Jeudi 21 mars à 14h30 au Théâtre du Nord : Fabrice Drouelle : “Comment rendre un récit sensible ?

 

Lina Melhem

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