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CR7, ce n’est vraiment plus ce que c’était

Lamentablement éliminée par le FC Porto mardi dernier en huitièmes de finale de Ligue des Champions, la Juventus s’enfonce encore davantage dans une crise qu’elle n’avait plus connu depuis des lustres. Transparent tout le long du match et coupable sur le coup franc transformé par les Portugais, Ronaldo fut pour la première fois pointé du doigt pour sa triste prestation, lui, le quintuple ballon d’or, censé guider la Vieille Dame pour renverser une situation plus qu’à leur portée. Mais ne vous méprenez pas, la prestation de CR7 ce mardi n’est pas une exception, elle dévoile simplement au grand jour ce qu’est devenu le Portugais à la Juve, ou plutôt, ce qu’il n’est plus depuis son arrivée dans le Piémont, l’un des meilleurs du monde. 

Non, Ronaldo, ce n’est plus ce que c’était, et je pèse mes mots. Ceux qui regardent de près ou de loin le football, diront certainement que l’auteur de cet article est sans aucun doute un fervent supporter turinois, tout simplement dégouté que son Ronaldo adoré n’y ait pas mis de son triplé mardi dernier pour sortir une énième fois sa – très – Vieille Dame du pétrin dans lequel elle s’était fourrée. Mais ce n’est pas le cas. Et puis, si ça l’avait été, je n’aurai surement pas eu la lucidité de décrier celui pour qui mon club a dépensé la somme la plus importante de son histoire, et qui lui coûte désormais plus de 30 millions d’euros (!) chaque année.

Monsieur Ligue des Champions

Surtout que dans les faits, Ronaldo à la Juve, c’est 92 buts en 121 matchs toutes compétitons confondues, et 72 buts en 86 matchs de Série A. Alors, en soit, il n’y a aucune raison de s’alarmer. Pour vous dire, personne n’a marqué plus de buts que CR7 dans le Calcio depuis son arrivée à Turin à l’été 2018. Et “Monsieur Ligue des Champions” est d’ailleurs toujours actuellement le meilleur buteur de la Série A (20 réalisations). Alors pour quelles raisons le contester ? Il est, sans aucun doute, le meilleur joueur du monde ! Oui mais non. Les statistiques, c’est bien gentil, mais si Giroud était un meilleur joueur que Platini simplement parce qu’il a marqué plus de buts que lui en équipe de France, ça se saurait.

Remettons les choses dans leur contexte. Ronaldo est adoubé à Turin depuis son arrivée en 2018 – en même temps, quel club ne l’adouberait pas – mais il l’est aussi partout ailleurs en Italie. Quand on parle de football italien, on parle forcément de Ronaldo. Grâce à lui, le championnat italien a retrouvé une visibilité comme il n’en avait plus eu depuis des lustres.

Quand Ronaldo fait un mauvais match, il peste, râle, se plaint auprès de ses coéquipiers, les rabaisse quand ils font un mauvais choix.

La crise économique qui frappait les grosses écuries italiennes depuis la fin des années 2000 faisant fuir les meilleurs joueurs du vieux continent, Ronaldo devenait la première grosse star de la botte depuis le départ d’Ibrahimovic de Milan pour Paris en 2012. Si aujourd’hui Ronaldo s’en va de Turin, qui aurait actuellement la carrure pour prendre durablement la relève en haut de l’affiche en Italie ? Lukaku ? Chiesa ? Ils n’ont pas la stature du quintuple ballon d’or, et de loin, mais ils sont pourtant aujourd’hui meilleurs que lui dans bien des domaines. Non, ne disons pas de bêtises, personne n’est meilleur que Ronaldo.

De toute manière, si la Juve ne gagne pas, ce n’est pas de la faute de Ronaldo, c’est la faute de la Juve, c’est la faute de Pirlo, c’est la faute des autres joueurs. Si Ronaldo ne marque pas, c’est sans aucun doute que la passe n’était pas bonne, que ses coéquipiers sont médiocres et que les ballons qu’ils lui adressent sont mauvais. Quand Ronaldo fait un mauvais match, il peste, râle, se plaint auprès de ses coéquipiers, les rabaisse quand ils font un mauvais choix, au lieu de les encourager. Certes, cette Juve n’est pas exemptée de tout reproche sur le terrain, et à juste titre.

Mais dans ce cas, pourquoi Ronaldo devrait l’être ? On pourrait presque croire que lorsqu’il joue mal, parfois, c’est la faute des autres. Tout dans l’équipe doit être au service de Ronaldo, et cela se voit. Ronaldo marque des buts, beaucoup de buts, moins que durant sa période madrilène, mais beaucoup tout de même. On pourrait aussi croire, comme les titres des grands quotidiens sportifs aiment l’affirmer, que “l’âge n’a pas d’effet sur CR7”. Mais ce n’est pas vrai. Contrairement à ce que les commentateurs et les journalistes sportifs aiment affirmer, le Portugais n’est plus ce joueur magique, capable d’illuminer une rencontre de son talent, comme il l’a tant fait par le passé.

Cristiano ne dribble plus personne

Face à la foudre des accélérations d’Mbappé, à la puissance du Cyborg Haaland ou encore à la létalité du désormais stratosphérique Lewandowski, le Portugais ne fait le poids que dans les statistiques, une fois de plus, et encore. Car dans le jeu, Cristiano n’est plus CR7. Ronaldo aujourd’hui, et globalement depuis son arrivée à Turin, c’est beaucoup de contrôles ratés, une conduite de balle parfois hasardeuse, des mauvais choix à la pelle dans le jeu et une qualité de passes au rabais. CR7, ne percute plus, ne dribble plus personne, ses grigris ne servant qu’à faire joli, à défaut de servir réellement à quelque chose.

Le Portugais a les jambes lourdes

Mardi dernier, contre Porto, le contraste entre son incapacité à faire des différences et les jambes de feu de son compère d’attaque Fédérico Chiesa – qui a fait la misère à la défense portugaise – était frappante, criante. En partant systématiquement de son aile gauche, le jeune italien n’a cessé de provoquer les défenseurs adverses, à coup de feintes de corps et de passements de jambes foudroyants. Chiesa aujourd’hui, c’est CR7 il y a dix ans. Aujourd’hui le Portugais a les jambes lourdes. Alors oui, tout n’est pas à jeter. Le Portugais possède toujours un physique exceptionnel pour son âge et un mental d’acier. Il est encore capable de fulgurances, de gestes de classe, d’inspirations somptueuses, mais elles sont désormais plus rares que jamais.

Et s’il n’est plus capable de faire de différences sans l’aide de ses coéquipiers, puisque ceux-ci n’ont pas le niveau pour jouer avec lui, c’est qu’il n’est plus l’un des meilleurs joueurs du monde. Car le PSG n’est pas toujours une équipe flamboyante et car Dortmund, et ce n’est pas une découverte, n’a pas non plus l’effectif le plus terrifiant d’Europe. Et pourtant, les deux nouveaux cracks du football mondial réalisent chaque semaine des exploits physiques et footballistiques qui font le tour du monde. De son côté, combien de “golaaaaazo” CR7 a marqué depuis son arrivée à Turin ? Il se comptent sur les doigts de la main, si ce n’est moins. Si aujourd’hui vous regardez une compilation des meilleurs buts de la carrière de Ronaldo, il y en aurait très peu, voire pas du tout sous la tunique turinoise. 

 

Cristiano Ronaldo | Jan S0L0 | Flickr

Ronaldo sous le maillot du Real Madrid, saison 2009/2010

CR7, ce footballeur moyen

Alors pourquoi la planète football continue-t-elle de se voiler la face quant au réel niveau actuel du quintuple ballon d’or ? A l’occasion de son naufrage lors du huitièmes de finale retour de C1 contre Porto ce mardi, le niveau de Ronaldo était pour la première fois pointé du doigt, enfin ! Mais n’allons pas trop loin, CR7 n’est pas non plus devenu Valère Germain. Il reste un attaquant de classe mondiale. Simplement, son champ d’action s’est considérablement réduit au fil du temps, et ce constat est encore plus criant depuis son arrivée à Turin.

Finalement, en grossissant quelques peu le trait, Ronaldo aujourd’hui, c’est un peu Mauro Icardi. Oui, mais en meilleur, tout de même. S’il n’est plus capable de faire la différence en partant de loin, CR7 reste tout de même l’un des meilleurs du monde dans une zone du terrain bien précise : la surface de réparation. Le Portugais est désormais avant tout un finisseur. Sous les effets de l’âge, et surement aussi face à l’adversité plus importante des rugueuses défenses italiennes, Ronaldo s’est énormément recentré vers l’axe de l’attaque sous le maillot turinois.

Le match de cette semaine n’est pas une exception, c’est simplement la pire version de ce que Ronaldo est en réalité aujourd’hui, un joueur de football moyen.

Alors qu’à Madrid et à Manchester United, il était capable de percées et d’accélérations majestueuses depuis son aile gauche, le poids des années – n’en déplaise aux quotidiens sportifs aussi bien français qu’italiens – a clairement influé sur son jeu. Ronaldo aujourd’hui, c’est un renard des surfaces, un véritable numéro 9. Sous le maillot de la Juve, Ronaldo marque de la tête, sur penalty, en une touche de balle, mais très peu en percussion, en dehors de la surface, ou après avoir éliminé un ou plusieurs joueurs adverses. Sa prestation contre Porto ce mardi a dévoilé aux yeux du monde entier les lacunes qui le caractérisent aujourd’hui. Mais ne vous méprenez pas, le match de cette semaine n’est pas une exception, c’est simplement la pire version de ce que Ronaldo est en réalité aujourd’hui, un joueur de football moyen.

Par footballeur moyen, j’entend bien le terme en son sens le plus propre : celui qui joue au ballon avec ses pieds. A l’image d’un Zlatan Ibrahimovic – même si CR7 reste bien meilleur que le suédois balle au pied – le poids des années lui a quelques peu retiré cette lucidité et cette vitesse d’exécution dans les petits espaces, indispensables à un attaquant pour se dépêtrer des défenseurs. Même si le déclin est léger, la différence sur le terrain est énorme : Ronaldo ne dribble plus personne. Le problème est que la Juve et le monde du football pensent encore que le quintuple ballon d’or est le même joueur qu’antan. Ses coéquipiers reposent tous ses espoirs en lui et le servent comme à l’époque où le jeune Cristiano, mèches blondes au vent, enflammait les tribunes d’Old Trafford. Mais CR7 n’est pas Neymar, il ne l’est plus.

Contrairement à ce qu’il espère prouver sur le terrain, il n’ira pas défier la défense et dribbler trois joueurs à la suite pour piquer le ballon au-dessus du gardien, il n’en est plus capable. C’est face au respect que le football lui doit, sa carrière exceptionnelle, ses trophées à la pelle, ses exploits balle au pied, et les émotions qu’il a fait passer à tous les fans du football depuis quinze ans, qu’une sorte d’hypocrisie générale semble avoir contaminé les médias et le monde du foot. Ronaldo à été un joueur exceptionnel, il est aujourd’hui une institution, un monstre sacré, et à juste titre. Il y a cinq ans, il aurait certainement planté un triplé mardi contre Porto, mais aujourd’hui il ne l’a pas fait, car il ne peut plus porter tout seul son équipe vers les sommets. Respecter un des plus grands joueurs de l’histoire d’un sport ne nous oblige pas pour autant à se voiler la face quant à la réalité des choses.

Jamais aussi dépendant de ses coéquipiers qu’aujourd’hui

Avant, la Juve était une équipe, elle était même plus que cela, elle était la définition de la combativité, de la hargne et de la rigueur tactique. C’était une forteresse sans faille, une équipe sans véritable star, mais une équipe. Aujourd’hui, elle a Ronaldo. Mais elle ressemble désormais davantage à un amas de joueurs, bons sur le papier mais médiocres sur le terrain. Un amas de joueurs au service d’un seul homme, qu’il faudrait absolument satisfaire pour seule justification qu’il serait, soit disant, le meilleur joueur du monde, alors qu’il n’est que l’ombre du joueur qu’il était.

Si la Juve en est arrivée là, c’est en bonne partie par sa faute, oui, mais c’est aussi à cause de Ronaldo. Persuadé qu’il peut encore tout faire tout seul sur le terrain, le Portugais n’a en réalité jamais été aussi dépendant de ses coéquipiers qu’aujourd’hui. Certes, CR7 marque toujours des buts, mais il ne fait plus “que” cela. Alors rien ne sert de blâmer les coéquipiers de celui qui fut le meilleur de la planète, car soit disant indignes de jouer avec un footballeur de sa trempe, alors-même que ce dernier n’a plus le niveau pour mériter les éloges qu’on lui fait.

Adrien Nerozzi-Banfi

2 Commentaires

  1. Anonyme Anonyme

    Article pamphlétaire sans fondement. L’auteur crache une haine palpable contre un joueur qu’il estime en perdition, sur la base d’arguments biaisés par son aveuglement face à la réalité du sport.
    Associer la chute d’une équipe entière à la méforme d’un joueur de 36 ans, arrivé au club depuis seulement 2 ans, est bien plus qu’une mauvaise appréciation mais bien une faute journalistique.
    Je m’attendais à rien et je suis quand même déçu.

    • Anonyme Anonyme

      Assez d’accord, Ronaldo ne peut pas tout faire, et il ne l’a jamais fait. Le Real était une équipe formidable, avec des joueurs extraordinaires à chaque poste. Et Ronaldo était le meilleur. Il n’a jamais participé au jeu comme un Messi, mais il a toujours été létal devant le but, et il l’est encore aujourd’hui. La vielle Dame est une équipe mal construite, avec un coach débutant, qui à besoin de renouvellement après 9 titres d’affilés. Un joueur n’a jamais fait gagner une équipe à lui tout seul. A 36 ans, il reste l’un des meilleurs joueur au monde, et au lieu de l’accuser comme responsable des maux de la Juve, il faudrait plutôt en profiter, le regarder jouer à ce niveau, car quand il ne sera plus là, chacun comprendra la chance qu’il a eu de le voir marquer avec une telle régularité.

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