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Une nuit à la découverte de Millet

Quel est le lien entre Millet, peintre du XIXème siècle et Interstellar, l’un des derniers films de Christopher Nolan ? C’est cela que l’exposition Millet Usa au Palais des Beaux-Arts de Lille cherche à nous expliquer.

Plus en général, le parcours de l’exposition nous amène à découvrir les échos que l’esthétique du peintre a eu aux Etats Unis dans différents domaines comme le cinéma et la photographie. Les tableaux de Millet représentant le monde paysan dans toute son humanité rappellent aux américains leurs origines humbles et rurales à l’époque de la découverte du Nouveau Monde par les migrants pionniers.

La splendeur du monde paysan 

Le contexte dans lequel Millet naît et ensuite travaille est fondamental pour mieux comprendre la signification de ses peintures : ayant grandi dans une famille de paysans modestes et cultivés, il passera la plupart de sa vie à Barbizon dans la campagne. Ce n’est pas par hasard donc si après quelques hésitations il se concentrera sur la représentation des paysans et de leur vie quotidienne, un sujet simple et direct. Néanmoins, l’habileté du peintre consiste en savoir donner splendeur au geste paysan, ce qui permet de bien exprimer l’accord entre l’homme et la nature. De cette façon, Millet arrive à élever les sujets de ses œuvres et à en faire des types sociaux : le vanneur, le semeur, l’homme à la houe ne sont que des exemples de l’immense encyclopédie du monde paysan qu’il a réalisée juste en observant les différents moments de la journée à la campagne. Il suffit de penser que l’idée d’un tableau si célèbre comme L’Angelus (1857-1859) se base sur un souvenir que le peintre avait de sa grande-mère pieuse et des moments de prières parmi les champs.

La peinture de Millet, inspiration des photographes et des réalisateurs de cinéma 

Pendant les années 1910-1930, des photographes américains comme Arthur Rothstein ou Dorothea Lange sont partis des tableaux de Millet et des peintres réalistes afin de “montrer les êtres et les choses tels qu’ils sont” avec leur caméra. Ces photographes travaillaient pour documenter le désastre écologique de Dust Bowl – des fortes tempêtes de sable qui ont frappé les Etats Unis et le Canada à la suite d’une excessive exploitation des terres. C’est assez similaire à la situation mise en scène par Christopher Nolan dans son film Interstellar, avec la seule différence qu’il s’agit d’un hypothétique futur proche où le réchauffement climatique provoquerait de violentes tempêtes de poussières, endommageant alors les récoltes.  Le réalisateur a cherché à reproduire la même lumière des toiles de Millet et à suivre le style documentaire des photographes comme Rothstein afin de donner une image la plus réaliste possible.

La profondeur de Millet est témoignée aussi par la tendance à l’infini et l’importance donnée au silence. La nuit, à la fois terrifiante et charmante qui lui évoque des réflexions sur la place de l’homme dans l’univers, est bien représentée dans le tableau Nuit étoilée (1850-1865).

« Je considère que Millet, et non pas Monet, est le peintre même de la modernité qui a ouvert de nouveaux horizons à la multitude » – Vincent Van Gogh à Théo, janvier 1884

Nicole Della Torre

PS: Vous aurez l’occasion de pouvoir admirer cette exposition jusqu’au 21 janvier 2018, alors n’hésitez pas !