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Les raisons du blocage de Sciences Po Lille, mercredi 13 février

Toute la journée le blocage de Sciences Po a fait parler : pourquoi ? qui ? comment ? C’est l’occasion de revenir sur ce qui s’est passé ce matin.

En souhaitant se rendre en cours, beaucoup on pu découvrir l’entrée de l’école bloquée ce matin. Des poubelles, barrières et chaines y avaient été disposés, rendant l’entrée impossible. Devant l’air surpris des professeurs et membres de l’administration, une soixantaine d’étudiants se massaient à l’entrée dans un esprit bon enfant pour protester contre la mesure du gouvernement qui vise à augmenter les frais d’inscription des étrangers extra-européens. Autours de tracts et d’un petit déjeuner improvisé, les étudiants ont pu découvrir que les résolutions de l’Assemblée Générale étaient devenue effectives.

En effet il y a une semaine, certains étudiants mobilisés ont organisé une Assemblée Générale (AG), au sein de l’IEP pour permettre un débat entre étudiants sur la question de la hausse des frais d’inscription. Lors de cette rencontre, les étudiants présents ont décidé de demander à Pierre Mathiot (futur directeur de l’école), de se prononcer sur cette question. L’intéressé a répondu qu’il n’était pas encore de son ressort de se prononcer au nom de l’école, dont il ne prendra la direction qu’en mars.

Suite à cette réponse, une nouvelle AG a été organisée mardi soir. Bien qu’ouverte à tous et relayée sur tous les groupes Facebook de promo, celle-ci n’a réuni qu’une trentaine de membres qui ont alors décidé, par un vote de mettre une pression accrue sur l’administration pour qu’elle se positionne sur cette question. A également été décidé que cette mobilisation prendrait la forme d’un blocage de l’école. Ainsi dès 6 heure ce mercredi matin, une vingtaine d’étudiants ont organisé le blocage en édifiant une sorte de barricade aux entrées de l’école. Ils ont été rejoins dans la matinée par plusieurs autres étudiants engagés ou simplement curieux de venir voir, parler ou comprendre les raisons de cette mobilisation.  Selon ses protagonistes, cette action a donc permis de mettre en lumière la question de l’augmentation des frais universitaires des étrangers extra-européens voulue par le gouvernement et de sensibiliser les étudiants sur cette question. Un des objectifs de cette action était donc de mobiliser la presse pour montrer que les étudiants de Sciences Po se mobilisent sur cette question.

  • Voir l’article de La Voix du Nord sur le sujet.

Très vite des camionnettes de police se sont postés au bout de la rue Angellier en observant d’abord ce qu’il se passait. Benoît Lengaigne, le directeur de l’école a alors entrepris une discussion avec certains étudiants mobilisés. Arguant qu’il n’était pas au courant de la mobilisation des étudiants sur ce sujet, il a regretté cette forme d’action. Les étudiants ont en retour exprimé leur désir de sensibiliser la direction et l’opinion sur ce sujet. Le directeur a par ailleurs tenté de les convaincre de stopper cette action en promettant de mettre cette question à l’ordre du jour du prochain Conseil d’Administration qui aura lieu en mars. Mettant en avant qu’une telle promesse serait vaine, puisque Benoît Lengaigne ne sera alors plus directeur, les bloqueurs ont refusé cette proposition. Cette discussion s’est poursuivie sans parvenir à une quelconque entente.

Benoît Lengaigne, actuel directeur de Sciences Po Lille.

Ainsi aux alentours de 10 heures, les policiers casqués, vêtus de protections ainsi qu’armés de matraques et de boucliers se sont rapprochés de la porte d’entrée pour déloger les bloqueurs. Ceux-ci réunis en chaîne humaine pour défendre leurs installations se sont fait vite et violemment repousser (voir la vidéo de l’article ci-dessus). Les policiers ont ensuite débloqué l’entrée et sont restés quelques instants aux abords pour en contrôler l’accès.

Une Assemblée Générale a enfin été organisée devant la bibliothèque pour décider des futures actions. Le blocage du CA permettant d’élire les personnalités extérieures a ainsi été prévu, notamment pour contester la candidature de Gérald Darmanin, actuel Ministre de l’Action et des Comptes publics.

Alban Leduc