Face à l’inaction des gouvernements pour protéger la planète des firmes polluantes, la jeunesse se mobilise pour faire changer les choses. Alors le 15 mars, tous dans la rue !
Cela fait sûrement quelques semaines que lorsque vous vous marchez dans la rue le vendredi, vous croisez une cohorte de jeunes véhéments, brandissant des pancartes colorées, le regard déterminé, scandant des slogans altermondialistes. Alors non, on vous voit venir, ce ne sont pas des gamins qui profitent du climat de contestation pour sécher les cours mais des étudiants qui s’engagent pour leur avenir face à la plus grande crise que l’humanité n’ait jamais connue : la crise environnementale. Depuis six mois, dans une cinquantaine de pays, des milliers d’étudiants, de collégiens et de lycéens ne vont pas en cours et descendent dans la rue pour protester contre l’inaction politique pour le climat.
Le mouvement des « grèves scolaires pour le climat » a été lancé en août 2018 par Greta Thunberg, une étudiante suédoise de 15 ans. Suite aux températures record et aux nombreux incendies de l’été, elle décide de protester devant le parlement suédois pendant trois semaines exigeant qu’il réduire ses émissions de CO2 comme prévu par l’Accord de Paris. Sa démarche retient l’attention des médias internationaux : au début, on moque la futilité de son mode d’action ; puis son message se diffuse via les réseaux sociaux avec le #FridaysForFuture et prend de l’ampleur. Greta Thunberg appelle tous les étudiants à faire grève chaque vendredi pour que les dirigeants du monde entier agissent pour le climat. En novembre-décembre 2018, la mobilisation rassemblait déjà 20.000 étudiants dans 270 villes et continue de s’étendre.
Si leurs revendications écologistes sont nombreuses et très diverses, du véganisme à la promotion du bio en passant par les énergies renouvelables, les étudiants s’accordent sur un point : il y a urgence climatique. Cela signifie que si l’on ne fait rien, l’humanité est menacée, études scientifiques à l’appui. Le processus a d’ailleurs déjà commencé : aujourd’hui, la première cause de migration est climatique. Et les efforts individuels sont bien peu de chose face à l’impact des grandes entreprises polluantes ; les premiers sont inutiles tant que les seconds ne changent pas leur comportement. Seuls les politiques ont le pouvoir d’empêcher les FTN de détruire l’environnement par des normes contraignantes, mais force est de constater que les dirigeants ne font rien de concluant, ni à l’échelle nationale, ni au niveau mondial. Greta Thunberg est intervenue à la COP24 pour dénoncer les privilèges des grandes entreprises accordés par les gouvernants. Les responsables de la catastrophe environnementale déjà amorcée sont donc bien plus les politiques que les FTN.
C’est vers eux que se tourne la colère des étudiants aujourd’hui. Alors face à l’inaction politique malgré des demandes répétées, une protestation mondiale est nécessaire. Le 1e mars, le Groupe international de coordination du mouvement des grèves des jeunes pour le climat a appelé tous les étudiants à la grève le 15 mars 2019 dans une lettre ouverte traduite dans 19 langues et publiée dans de grands journaux nationaux. Deux jours plus tard, déjà 450 événements dans 54 pays étaient prévus. L’objectif est de faire pression sur les gouvernements afin qu’ils prennent enfin des mesures efficaces pour réduire l’impact environnemental des activités humaines – et au mieux qu’ils mettent fin au modèle capitaliste d’exploitation.
Le choix de la grève est symbolique car ce droit n’est pas accordé aux étudiants, il montre que les étudiants sont prêts à s’engager pour leur avenir. « À quoi bon aller en cours si l’on n’a pas d’avenir ? », clame Anuna De Wever, l’initiatrice du mouvement en Belgique, où la mobilisation a pris la plus grande ampleur. Nous serons les premiers à pâtir de la gestion catastrophique d’aujourd’hui. Si personne ne fait rien, alors nous le ferons. Ces grèves, c’est prendre notre destin en main, il en va de notre survie. Nous ne pouvons pas laisser le pourcentage infime de la population à la tête d’un système destructeur et les politiques qui lui sont soumis jouer avec nos vies pour leur profit personnel. Notre détermination est plus forte que jamais. Mars 2019 sera-t-il le nouveau mai 68 mondial ?
Julie Raynaud