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Revendications des étudiant·e·s pour l’écologie à Sciences Po Lille

Lors de la grève pour le climat du 15 mars, les étudiants ont pu exprimer leurs demandes, revendications et projets afin de rendre l’IEP plus écologique. En pointant de nombreuses insuffisances en ce qui concerne le respect de l’environnement au sein de l’école, et en répondant au directeur Pierre Mathiot qui demandait des propositions concrètes, le comité de mobilisation pour le Climat, issue de la mobilisation du 15 mars, a constitué un cahier de doléances qui sera transmis à l’administration pour que des changements écologiques soient entrepris au sein de l’IEP.

Nous transmettons ainsi les revendications identifiées par ce comité et nous vous invitons à vous rapprocher de ses membres ou de suivre leurs communications afin de signer ce manifeste pour le soutenir et lui donner plus de force en vue de le transmettre à la direction.

Revendications des étudiant·e·s pour l’écologie – Comité de mobilisation pour le Climat de SciencesPo Lille

En vertu de la nécessité d’agir face à l’urgence écologique actuelle, les étudiant.es de Sciences Po Lille signataires ainsi que les membres du personnel enseignant, administratif ou technique en tant que soutien de cette initiative, exigent :

Conformément à la Charte de l’environnement, inscrite dans le bloc de Constitutionnalité depuis le 1er mars 2005, et qui affirme le droit de chacun à vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé (article 1), mais aussi le devoir de toute personne à prendre part à l’amélioration et la préservation de l’environnement (article 2) ;

Également, selon les dires du présent directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, dans son “Projet pour SciencesPo Lille”, l’IEP doit “se mettre en cause et réfléchir aux améliorations à apporter” et ce “en premier lieu avec les étudiants eux-mêmes (…)” (p15). Est également soulignée l’importance à l’IEP de “la prise en compte des attentes des étudiants” avant de faire bouger les dispositifs (p13), et la situation de l’École “ancrée dans son écosystème” (p3). Ce dernier doit donc être entretenu, respecté et valorisé. Enfin, Pierre Mathiot exprimant lui-même son vœu “de stabilité, d’apaisement et de dialogue” (p1) mais aussi son “besoin d’être nourri et challengé par des idées”, nous exigeons des agissements directs, d’ici à la rentrée prochaine sur les questions suivantes :

Toutes les propositions suivantes ont été récoltées par le Comité de mobilisation pour le Climat de Sciences Po Lille lors de la journée de grève du 15 mars. Elles émanent donc directement des étudiant·e·s de Sciences Po Lille ;

Concernant la cafétéria actuelle de l’établissement

Nous déplorons l’usage excessif du plastique et du papier d’une part ; le prix excessif des produits et leur manque de diversité (non adaptés aux végéta*ien·nes) ; enfin, le gaspillage évident des aliments non vendus lors de la fermeture.

Nous demandons en premier lieu le remplacement définitif de la cafétéria actuelle par une cafétéria autogérée par les étudiant.es. Celle-ci fonctionnerait sur le système de la cafétéria de l’année passée. Les plats seraient donc végétaliens, biologiques, et son organisation “zéro déchets”. Dans le laps de temps nécessaire à la résiliation du contrat actuel, et la mise en œuvre du dispositif proposé, nous demandons à minima :

• Des plats végétariens et/ou végétaliens, et moins chers. L’offre concernant ces régimes aujourd’hui est bien trop réduite, voire inexistante, et trop coûteuse. Chacun·e devrait avoir accès à des produits qui correspondent à son alimentation et ses capacités financières. De plus, nous rappelons que la consommation de viande et autres produits d’origine animale a des conséquences désastreuses pour l’environnement, et constitue la deuxième cause du réchauffement climatique.

• La distribution des produits non vendus, quels qu’ils soient, à des associations aidant les sans-abris et les personnes au statut précaire. Il est inadmissible de faire un tel gaspillage alimentaire, au vu du nombre considérable de personnes dans le besoin, et de l’impact écologique du gaspillage alimentaire. Rappelons que d’après l’ADEME, l’empreinte carbone annuelle du gaspillage alimentaire serait de près de 15,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an en France.

• La réduction des emballages papiers, et tout autre emballage non recyclé.

• L’application de tarifs boursiers garantis par l’IEP pour les étudiant.es (bénéficiant de ce droit) sur les paniers de légumes et/ou de pain proposés par Les Ch’tis Paniers. Le fait de proposer ces paniers aux étudiant.es permet la mise en valeur d’une agriculture biologique et raisonnée, il est donc nécessaire qu’aucun·e étudiant·e n’en soit privé·e pour des raisons financières.

Concernant les déchets de l’établissement, et la gestion désastreuse de ceux-ci

Nous constatons que le tri mis en place par les étudiant.es de La Ruche l’an passé n’est pas respecté. Le manque de visibilité des poubelles, mais aussi le manque d’informations et de sensibilisation des étudiant.es en sont, pour nous, la cause. Nous pensons que Sciences Po Lille, au vu de sa position d’école à l’avant-garde des enjeux contemporains, se devrait d’être un établissement sans plastique, voire totalement zéro déchet.

Ainsi nous exigeons :

• Que le système de tri soit expliqué aux nouve·lles·aux admis·es lors du SAS d’entrée de septembre, et ce de manière claire, précise, et suffisamment développée.

• L’installation de poubelles de tri supplémentaires, par exemple dans les couloirs et au fond des amphithéâtres. De même pour les poubelles dites “classiques”.

• L’installation de poubelles dédiées aux déchets électroniques.

• La distribution de gourdes et/ou éco cups lors de la rentrée, afin de supprimer totalement et définitivement les gobelets plastiques et autres bouteilles jetables. L’utilisation alarmante de ceux-ci ne peut que susciter un changement des plus immédiats. De plus un système de consignes permettrait le partage et l’optimisation de l’utilisation de ces gourdes/cups.

• En conséquence, adapter les machines à café de l’établissement, de sorte que les étudiant.es puissent y mettre leur tasse/éco cup, en lieu et place des gobelets donnés.

• Proposer des cendriers de poche, des gourdes et des éco cups comme goodies tout au long de l’année scolaire.

• La réutilisation des feuilles imprimées comme feuilles de brouillon et leur recyclage si ce n’est plus possible. Cela implique l’installation de points de collecte à tous les étages et en BU.

• La création et utilisation effective d’un compost, comme il a été proposé par Graines de Bitume en début d’année, ou à minima une aide avec financements. De plus, une sensibilisation de tou·te·s les élèves à l’usage de celui-ci, car les déchets organiques compostables composent près d’un tiers du contenu de nos poubelles.

• Un investissement dans des poubelles et/ou cendriers sondagier·e·s, dans le but de susciter l’attention des élèves et un plus grand engagement de leur part dans la gestion des déchets et dans l’impact de leur comportement individuel.

• Une étagère dans la cafétéria ou chacun et chacune puisse mettre sa tasse, sa gourde, comme cela se fait actuellement à Sciences Po Paris.

• A tous ces égards, le respect effectif de l’article 5 du règlement intérieur de notre établissement.

Concernant la consommation d’énergie

Bien que nous n’ayons à disposition aucun chiffre concernant la consommation d’énergie de l’établissement, nous estimons qu’il faut, de toute évidence, repenser cette gestion. En effet le chauffage de l’IEP est centralisé, excessif, et génère forcément un gaspillage important d’énergie et une pollution associée tout aussi déplorable.

Il nous paraît donc urgent :

• De décentraliser le système de chauffage de l’IEP, et de le baisser quoi qu’il en soit. Nous nous retrouvons souvent contraint·e·s d’ouvrir les fenêtres en raison d’une chaleur excessive et désagréable pendant les cours, entraînant une perte d’énergie considérable.

• D’isoler correctement l’établissement, ce qui n’a pas été fait lors de l’installation dans les nouveaux locaux.

• De couper le chauffage de l’entrée, quelle que soit la saison, au vu de son caractère proprement inutile du fait de l’ouverture constante des portes d’entrée.

Concernant les lumières à Sciences Po Lille

Celles-ci restent allumées en plein jour, mais aussi pour certaines durant la nuit lorsque l’établissement est totalement inoccupé.

De ce fait nous demandons :

• L’extinction des lumières lorsqu’il fait jour, ainsi que la nuit après la fermeture des locaux, et le retrait des lumières automatiques qui ne peuvent être éteintes ;

• La mise en place de prises on/off pour les appareils que l’on peut éteindre à l’IEP dans un souci d’économie d’énergie et de bien-être de tou·te·s.

Au vu du rapport d’expertise signalant l’opacité des finances, nous exigeons de connaître les factures d’électricité et de chauffage de l’IEP, et que son bilan carbone soit évalué.

Concernant les cours dispensés à Sciences Po Lille

Le manque de sensibilisation à la question environnementale et à l’urgence d’agir contre le dérèglement climatique à SPL, en dehors du master DS, nous paraît tout à fait inquiétant. En tant que décideurs et décideuses de demain, nous nous devons d’avoir sur ces sujets des connaissances approfondies et justes, ainsi qu’une vision critique et réfléchie.

De ce fait nous exigeons des cours obligatoires sur l’écologie dès la première année d’études, mais aussi une refonte de certains cours d’économie prônant à tout prix la croissance exponentielle et le capitalisme, ces deux modèles étant totalement incompatibles avec la situation actuelle de la planète, et plus largement des sociétés.

Concernant le cadre de vie dans Sciences Po Lille de manière générale

• Végétalisation l’IEP, étant donné que Lille dispose d’une des surfaces d’espaces verts par habitant les plus basses de France et que ceux-ci jouent un rôle primordial dans la qualité de l’air que nous respirons et dans le bien-être de la population. De ce fait nous demandons à ce que soit enlevé le béton dans les patios intérieurs et les parkings devant l’établissement.

• L’installation d’un abri couvert et sécurisé pour les vélos des étudiant·e·s et des enseignant·e·s. Bien qu’aujourd’hui nous ayons de l’espace pour ranger ceux-ci, des vols surviennent fréquemment, nous avons de ce fait reçus plusieurs demandes et témoignages d’étudiant.es. De plus, lorsqu’un·e élève finit tard les craintes sont plus importantes, et peuvent désinciter certain·es à utiliser ce moyen d’éco-transport.

• L’installation du système Ecosia sur tous les ordinateurs de l’établissement ; ce moteur de recherche est en effet conçu comme une alternative aux serveurs internet polluants existants actuellement, et s’inscrit dans une optique claire de préservation de l’environnement, tout en étant efficace.

• Une diminution significative et immédiate des mails et pièces jointes envoyé·e·s aux étudiant·e·s, notamment par l’administration. Ainsi, l’envoie de trente mails par jour à différents destinataires pendant un an correspond à une production de 330 kg de CO2. Or nous sommes bien plus de 1000 élèves.

• La mise en place d’un dispositif de partage de matériel entre les étudiant·e·s. Celui-ci serait sécurisé, accessible à tou·te·s, et permettrait d’éviter d’une part la surconsommation, d’autre part l’accès pour tou·te·s à un matériel parfois coûteux.

• La mise en place d’affiches/panneaux à caractères informatif et ludique dans les couloirs de l’établissement, concernant l’écologie. Par exemple, mettre en haut des escaliers une information quant à la quantité d’énergie économisée, par rapport à l’utilisation de l’ascenseur.

• La proposition d’une “compensation carbone” pour les étudiant.es partant à l’étranger en troisième année, et étant contraint·e·s d’utiliser des moyens de transports polluants.

Enfin nous appelons à une prise de conscience et surtout à une prise en main des moyens d’actions en faveur de la transition écologique de la part de tous et toutes. Enseignant·e·s, administration, intervenant·e·s régulier·e·s, mais aussi étudiant·e·s.

Comité de mobilisation pour le Climat de Sciences Po Lille