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Manucipales (1/5) : A Lille, “un besoin de changement et de nouveau souffle”

J-6 avant le premier tour des municipales dans Lille et sa région. Alors, quel maire idéal pour la ville de Lille ? La voilà, LA grande question que l’on peut se poser à quelques semaines des municipales dans la capital des Flandres. Et pour avoir la réponse à cette fameuse question, pourquoi ne pas allez directement la poser aux lillois ? La Manufacture est donc allée sur le terrain pour tenter de cerner les espoirs des citoyens de Lille concernant leur prochain∙e maire, ainsi que les sujets sur lesquels ils l’attendent au tournant.

 

“Lille a besoin de changement, d’un nouveau souffle”

Premier arrêt devant les Beaux-Arts, où nous rencontrons Noémie et Amin. S’ils sont sûrs d’aller voter, ces deux étudiants lillois sont encore indécis sur le ou la candidat∙e de leur choix. Chacun a des attentes différentes sur le futur de Lille. Noémie espère un vrai revirement à la mairie, déçue par les mandats de Martine Aubry : « Je n’espère pas qu’elle [M. Aubry] sera réélue, Lille a besoin de changement, d’un nouveau souffle. ». Amin, quant à lui, est persuadé que la candidate est repartie pour un quatrième mandat.

Sur les attentes des deux étudiants concernant les programmes, Noémie évoque les thèmes de l’environnement et de la sécurité : « Il y a encore trop de gens qui sont agressés en sortie de boîte/bar à Solférino, ou dans certains quartiers de Lille Sud. ». Elle espère aussi que l’on augmente les espaces verts dans toute la ville, et pas seulement dans des quartiers ciblés : « Il n’y a pas de vrais parcs à Lille, à part à la Citadelle et le jardin des Plantes ».

Pour sa part, Amin veut voir évoluer la problématique de la pauvreté dans certains quartiers, mais aussi du logement : « Il faut faire quelque chose concernant le prix des logements, et l’accessibilité, surtout pour les étudiants ». Il voudrait voir à la mairie quelqu’un qui prenne en compte toute la population, et surtout qui fasse bouger la ville.

“Ce que j’attends pour Lille : des arbres et des vélos, tout simplement”

En continuant notre périple, direction rue de Béthune, nous croisons Frédérique. Pour elle, il n’y a pas photo, elle espère un réveil écologique de la part des candidats : « Ce que j’attends pour Lille, ce sont des arbres et des vélos, tout simplement. ». En effet, le problème pour elle, est à l‘origine dans l’organisation de la voie publique : « Quand on est à vélo, on risque de se prendre soit une portière de voiture, soit le bus. ». Il faudrait alors sécuriser les pistes cyclables, et modifier les routes par rapports aux commerces aussi : « il n’y a plus de logique dans les transports routiers de Lille aujourd’hui ».

Encore une fois, la problématique écologique est au cœur des attentes. Frédérique nous parle aussi du manque d’arbres dans la ville : « Dans certains quartiers, on trouve des immeubles avec des noms de plantes, alors qu’il n’y a même pas d’arbres à côté ». De plus, elle craint que le projet de piscine olympique, prévu sur le site de Saint-Sauveur (à lire : Saint-Sauveur, terrain de jeu et terrain d’enjeux) soit adopté, si Martine Aubry est réélue.

“On nous fait croire que la surveillance vidéo est une solution, moi je crois aux liens de proximité (…)”

Dernière étape de notre micro-trottoir, la Grand place. Ici, nous tombons nez-à-nez avec Maroin (Al Dandachi), co-secrétaire des Verts (EELV) à Lille. Alors pourquoi ne pas demander son avis au candidat d’une liste, en phase avec le terrain des municipales ? Pour lui, il faudrait quelqu’un d’honnête, réaliste, et à l’écoute des lillois pour la mairie de Lille.

Sans surprise, il évoque la problématique de l’environnement à Lille, notamment la qualité de l’air, mais appuie aussi sur la pollution sonore : « C’est un sujet trop peu évoqué, mais un décibel de plus sur le périphérique lillois pourrait augmenter de 10% les maladies cardio-vasculaires ». Puis il nous parle de la question de la sécurité dans les rues lilloises : « On nous fait croire que la surveillance vidéo est une solution, moi je crois aux liens de proximité, avec des moyens humains ».

Maroin rappelle aussi que d’autres sujets doivent être traités par tous les candidats, comme la question sociale, de l’hygiène ou encore de l’alimentation. Il croit aux pouvoirs locaux pour faire bouger les choses dans la ville, notamment pour résoudre la problématique environnementale : « 50 à 60 % du problème écologique pourrait être résolu à l’échelon municipal. », mais rappelle qu’il faut être réaliste : « Il faut aussi miser sur la métropole et plus haut encore, à l’échelle de l’Etat. ».

La grande place de Lille

Evidemment, de toutes les personnes interrogées, toutes ne sont pas intéressées ou ne se sentent même pas concernées par les élections municipales. Nombreux sont ceux qui grimacent, marmonnent ou ricanent à l’évocation des municipales. Au-delà de ces élections, c’est le fait de voter en général qui peut poser problème, comme on a pu le constater en interrogeant un bouquiniste de la vieille bourse : « Je n’ai pas voté depuis Chirac-Le Pen, ça ne sert plus à rien. ».

Plus qu’un mépris pour le vote et la politique, certains ne se sentent parfois pas assez qualifiés pour en parler, ou donner leur vision du rôle de maire. On constate alors une véritable frontière entre le politique et le citoyen, même au niveau local, mais ça, c’est une autre histoire. En 2014, le taux de participation aux élections municipales de Lille était d’environ 48%, reste à voir si les enjeux de la ville comme l’environnement vont faire monter les chiffres. Résultats les 15 et 22 mars prochains.

                                                                                                                                                          Enora Paniez


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