Parce que notre groupe de promo ne doit pas se transformer en librairie d’occasion, parce que chaque association contribue au rayonnement de Sciences Po Lille, parce que nous ne voulons pas mettre M. Giuliana au chômage : en cette année si particulière, engageons-nous et soutenons tous l’associatif à l’IEP.
Quelle image renverrait-on si on laissait place, déjà, dès les premières lignes, à un brin de nostalgie dans notre édito de rentrée ? Comment pourrait-on assumer d’écrire ce premier papier, l’éditorial, le symbole du départ d’une nouvelle saison, en évoquant le passé et son regret ? D’habitude, l’édito de rentrée ce n’est certainement pas ce ton rabat-joie à coup du facile “c’était mieux avant”, précisément lorsqu’on s’adresse à des étudiant.e.s. Non, d’habitude, l’édito de rentrée s’empresse d’énumérer les nouveautés de l’association, les projets tout feu tout flamme qui promettent une année encore meilleure que celle d’avant. Bref, l’édito, là où il est attendu, a pour vocation de mettre l’eau à la bouche.
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Coups de soleil
Et pourtant. Et pourtant, on n’y arrive pas. On tente de le faire, on efface, on recommence car on ne se débarrasse pas du brin de nostalgie comme ça, lorsqu’on repense à l’effervescence de l’associatif l’an dernier, et le constat d’être presque au point mort aujourd’hui. On n’a peut-être pas eu de CRIT mais on ne mesurait pas la chance d’avoir profité du WEI, du gala d’hiver, du T5B, mais aussi et surtout des conférences régulières de femmes et d’hommes tout aussi passionnant.e.s les un.e.s que les autres. En somme, la nostalgie c’est un peu comme les coups de soleil, ça ne fait pas mal sur le moment, seulement après. Même notre directeur nous confiait il y a quelques jours son regret de l’amphi prêt à craquer de Thomas Piketty : “Ce que j’adore c’est les conférences où il y a du monde assis par terre, dans les travées, un amphi blindé, turbulent”.
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Insolation
Mais voilà aussi comment la nostalgie tourne vite au ridicule. Un tel biais cognitif nous ferait voir un passé paradisiaque au point d’y romancer les trois quarts des faits. Regardons les choses en face : la conférence du célèbre économiste n’était pas la plus passionnante de l’année pendant que trois retardataires étaient bel et bien assis.es sur le sol… Bien sûr les conférences vont nous manquer, mais pas forcément celle-là. Bien sûr l’associatif a pris un coup, mais nous devons relever le défi qui nous fait face.
Certes, La Manufacture n’est pas la plus légitime pour s’ériger en martyr de la crise du Covid-19. Avantage du web, son fonctionnement n’a pas largement été bouleversé. Mais nous souhaitions sans voler la vedette, être l’humble relais des associations de Sciences Po Lille qui, sauf rares exceptions, ont bien été refroidies dans leurs divers projets. Le défi est immense, “se réinventer” comme disait Anne Bazin, directrice adjointe, faisait rire jaune… en zone rouge. Mais force est de constater qu’on y est contraint par une situation épidémique qui ne s’améliore guère.
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Biafine
Chassons alors ce parfum de nostalgie, cette odeur qui commençait à nous engluer dans moins qu’un édito, une tribune molle au bureau des plaintes. S’il faut se réinventer, réinventons nous, tentons, expérimentons, adaptons nos projets pour que ceux-ci puissent tant bien que mal voir le jour. Le pilier de l’associatif à Sciences Po Lille ne peut s’effondrer à la première fissure. L’associatif n’est pas mort, c’est à nous, responsables d’associations, de le montrer.
Il faudra nécessairement aussi l’enthousiasme sans faille du reste des étudiant.e.s. La contribution de chacun.e sera primordiale dans cette année si particulière. La richesse de l’associatif n’est plus à prouver pour vous convaincre de vous engager, d’écrire, de contribuer par toutes les formes possibles à nos quarante-et-une associations à Sciences Po Lille. Nombre d’assos tentent déjà de s’adapter pour nous régaler au maximum : le Moulin à Disques lance une session mix en live sur Facebook (ce lundi à 20h30), le HMM a quant à lui déjà débuté ses auditions pour dénicher de futures pépites, tous les bureaux planchent sur leurs plans B pour vous permettre de s’intégrer au mieux, de faire du sport et de découvrir les talents artistiques de chacun.e au plus vite.
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Prévisions météo
L’intégration écourtée, c’est par le biais des associations, cher.e.s 1A, que vous trouverez son substitut. La Manufacture s’engage à être le relais de toute initiative associative quelle qu’elle soit, en tentant d’offrir une visibilité à un projet, une idée, une inspiration. Elle-même tentera de pallier l’absence de conférences en entretenant le débat à travers ses colonnes, en lançant d’abord son Concours de presse sur le sujet, en encourageant les tribunes, en créant plusieurs nouvelles rubriques tels que le régulier édito de Rab’s et Caza ou encore la rubrique Points de vue confrontant les positions sur un sujet précis. L’associatif politique aura ainsi une place franche dans La Manuf’ car c’est là aussi notre conviction : il faut faire vivre l’opinion à Sciences Po Lille.
Du reste, notre journal, en plus des traditionnels Carnets de 3A ou Paroles d’Anciens, vous réserve également quelques idées neuves, touchant au cinéma, à la littérature et aux Portraits, nom de notre nouvelle rubrique à la découverte du personnel de l’IEP, en commençant par notre directeur Pierre Mathiot, dès vendredi. Cependant, on ne cessera de le répéter, c’est également à vous de nous proposer vos papiers, vos inspirations. Engagez-vous, qu’ils disaient, vous verrez du pays ! Parce que notre groupe de promo ne doit pas se transformer en librairie d’occasion, parce que chaque association contribue au rayonnement de Sciences Po Lille, parce que nous ne voulons pas mettre M. Giuliana au chômage. Vive l’associatif.
Les rédacteur.trices en chef