Mardi 4 mars au petit matin, des étudiant.es de l’ESJ ont commencé un blocage de l’école pour protester contre la suspension de la convention qui liait l’établissement au comité jeunes NousToutes, une “décision inadmissible, […] grave atteinte à la liberté associative”, mais sur laquelle la direction est rapidement revenue en fin de journée.
Dans un communiqué du groupe de l’ESJ mobilisée, nous apprenons que la direction de l’ESJ a décidé de suspendre le Comité NousToutes ESJ le 28 février. Par un post Instagram du collectif, il est expliqué que cette décision de la direction a été motivée par la publication d’un “post insultant et diffamatoire à l’égard de l’école” par la branche lilloise du collectif, raison qui aurait été donnée au collectif par mail.
En effet, sur le compte Instagram de NousToutes Lille (et non pas NousToutes ESJ…), nous pouvons voir un post en date du 7 février accusant l’école de complicité de culture du viol. NousToutes critique les invitations à une table ronde autour du procès Mazan : Paul Bensussan, Guillaume de Palma et Emile-Henri Biscarrat. Le premier est présenté dans ce post comme “le fervent défenseur d’une théorie misogyne”, le Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP). Guillaume De Palma, avocat lors du procès Pelicot, s’est quant à lui illustré par son affirmation “il y a viol et viol et, sans intention de le commettre, il n’y a pas viol”. Enfin, Emile-Henri Biscarrat est décrié dans ce post pour avoir tenu des propos “problématiques” lors du procès Pélicot, qualifiant les accusés de “sextoys de M. Pélicot”, ce qui ôterait aux violeurs leur responsabilité. Face à cette triple invitation d’individus problématiques, NousToutes Lille parle de “parti pris” de l’école.
Alors, pour dénoncer cette suspension, il a été voté la veille en Assemblée Générale de bloquer l’école de manière filtrante. Dès 6h du matin, une quarantaine de personnes était présente pour lutter contre ce “scandale”, en demandant “la fin immédiate de cette suspension”. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues.
Dans l’après-midi, par une première déclaration sur ses réseaux sociaux, l’ESJ se justifie : l’école aurait toujours misé sur le dialogue et la discussion. Mais en attendant un rendez-vous avec NousToutes, l’école assume avoir préféré suspendre la branche ESJ du collectif.

Quelques bâtiments plus loin dans la rue, cette décision fait réagir. A Sciences Po, l’association BCBG apporte son soutien en parlant de “censure”. La liste étudiante Alter’éco soutient aussi le comité en parlant d’un comportement “inadmissible”, expliquant qu’elle compte s’adresser à l’administration de notre école pour proposer solidairement à Nous Toutes ESJ un accueil provisoire au 9 rue Angellier, parlant alors d’un “d’épisode fasciste”, comme ce que notre école a vécu.
Face à la montée des discours misogynes et masculinistes et aux violences sexistes et sexuelles, les associations féministes sont de plus en plus nécessaires. Limiter leur prise de parole, c’est laisser la porte ouverte à ces idées réactionnaires, sans que rien ne puisse les limiter.

Finalement, dans la soirée, un communiqué commun de l’école de journalisme et de NousToutes ESJ a donné victoire aux revendications du blocage, parlant d’une incompréhension bilatérale. La convention les liant est donc rétablie, et le collectif va pouvoir continuer le travail de prévention, de formation et de lutte contre les VSS.
Dans leur communiqué, les deux principaux acteurs insistent sur la différenciation entre NousToutes Lille et NousToutes ESJ. L’école n’a d’ailleurs pas répondu à notre invitation à les questionner sur le sujet, quand une de nos sources parle d’un sujet “vraiment, vraiment sensible” pour l’école. Nous n’avons pas d’informations plus précises concernant les modalités de ce revirement de décision.
Lou Landgren