Le LOSC était une équipe très attendue en ce début de saison 2019-2020 mais comme le dit le dicton « l’année la plus dure c’est celle de la confirmation ». L’expression, si chère aux amoureux du ballon rond, représente bien le début de saison lillois.
Véritable surprise l’année dernière avec sa magnifique place de dauphin et ses performances remarquées contre les grosses écuries de Ligue 1, le LOSC réalise un début de saison pour le moins décevant. Après un mercato estival très agité au cours duquel les dirigeants ont décidé de casser la tirelire pour remplacer les départs records de Nicolas Pépé et Thiago Mendes, les supporters du Sporting Club portaient de gros espoirs sur les performances de leur équipe. Pourtant, après deux mois de compétition, force est de constater que les Lillois fonctionnent sur courant alternatif. Les recrues peinent à faire oublier le départ des joueurs stars du vestiaire et l’équipe ne parvient plus à retrouver son style de jeu si tranchant qui la caractérisait. Pire encore, le retour de la Ligue des Champions dans la Capitale des Flandres qui s’annonçait excitant montre bien que l’effectif n’est pas au niveau de la compétition reine du foot européen. Certes, pas de quoi s’affoler pour les hommes de Christophe Galtier, bien installés dans la première partie de tableau et à la lutte pour le podium, mais les Dogues vont devoir passer à la vitesse supérieure s’ils veulent réussir la même saison que l’année précédente. Seulement en sont-ils capables? Les certitudes de l’année dernière semblent s’être envolées.
Un début de saison poussif
Après 12 journées de championnat, les Lillois pointent au 5 ème rang du classement, loin derrière un Paris Saint-Germain qui semble se diriger vers un neuvième titre de champion de France. Leur pire classement en Ligue 1 depuis le 18 août 2018 qui s’explique en partie par des résultats catastrophiques à l’extérieur. Occupant la 19ème place au classement des matchs à l’extérieur, le LOSC est méconnaissable loin de ses bases incapable de débloquer le compteur de victoire avec seulement 2 points obtenus en 6 déplacements. Dernière défaite en date, au stade Vélodrome, contre l’OM où les Lillois s’étaient, pourtant, imposés l’année dernière. Un match à l’image de leur saison à l’extérieur: une équipe peu entreprenante et limitée techniquement qui n’est plus aussi dangereuse que par le passé. Avec au compteur seulement 4 buts marqués et déjà 6 encaissés, difficile d’espérer obtenir quelconque résultat contre des équipes qui attendent désormais la formation lilloise lors de chaque sortie.
Christophe Galtier tâtonne et ne trouve pas la clé tactique qui puisse permettre à son équipe de déclencher une série de victoires en Ligue 1. Délaissant son traditionnel 4-2-3-1 au profit d’un 4-4-2 en début de saison mais surtout du 3-4-3 depuis quelques matchs, l’entraineur des Dogues semble en pleine remise en question de son effectif. Il a pris la décision d’adapter sa tactique en fonction des forces en présence et c’est notamment le profil offensif de ses latéraux (Bradaric, Reinildo et Celik) qui l’a poussé à opter pour ce système à deux pistons. Ce choix tactique qui s’était avéré payant avant la rechute contre l’OM démontre que les cartes sont redistribuées au sein de la formation lilloise. Les cadres de l’année dernière ne répondent pas présent à tel point que Galtier n’hésite pas à se passer d’eux dans sa composition. Jonathan Bamba, l’international espoir français, a débuté les dernières rencontres sur le banc et voit son temps de jeu considérablement réduit. En défense, le taulier et ancien capitaine Adama Soumaoro, en instance de départ cet été, ne fait quasiment plus partie des plans. Les deux néo-internationaux français Mike Maignan et Jonathan Ikoné peinent à faire des différences comme c’était le cas la saison dernière et doivent hausser leur niveau de jeu.
Mais tout n’est pas à jeter dans le début de saison du LOSC et des éléments laissent penser qu’une amélioration est possible. L’équipe continue à faire du stade Pierre Mauroy une forteresse imprenable, toujours invaincue en Ligue 1 depuis le 15 mars dernier contre Monaco. Ils jouent de manière beaucoup plus incisive et engrangent les points à domicile: ils sont les premiers au classement des équipes à domicile avec 16 points pris sur 18 possibles. Des joueurs se révèlent comme le jeune milieu récupérateur Boubakary Soumaré qui impressionne depuis le début de l’année par sa sérénité et son aisance technique au côté de la recrue Benjamin André, lui aussi auteur d’un excellent début de saison. L’espoir français, âgé de seulement 20 ans, qui a fait toutes ses gammes au club est devenu un élément incontournable du système de Galtier, alors qu’il évoluait dans l’ombre de Xeka et Thiago Mendes la saison dernière. 11 apparitions en Ligue 1et 638 minutes plus tard, il intéresse déjà les plus grands clubs européens tels que Dortmund ou Manchester United. L’autre point positif est que Lille n’est pas distancé dans la course au podium, bien au contraire. Les autres favoris pour le Top 3 de Ligue connaissent des débuts très mitigés pour Saint-Étienne et l’OM voire même compliqués si l’on se fie aux résultats de l’OL ou pour Monaco. Lille n’est pas en retard sur ces équipes mais ne s’impose pas au vue du niveau de jeu affiché, comme un prétendant naturel à la Ligue des Champions.
Une méthode de recrutement qui suscite des interrogations
Les dirigeants avaient fait de Renato Sanches (20M déboursés) et Yusuz Yazici (18.5M) les deux recrues phares du LOSC version 2019-2020 pour pallier au départ de Nicolas Pépé et Thiago Mendes. Mais les deux joueurs ne font pas l’unanimité et commencent à provoquer la colère des supporters qui ne sont pas dupes. Il ne fait aucun doute que ces deux joueurs sont talentueux mais également qu’ils coûtent cher au club, surtout au vue de ce qu’ils apportent à l’équipe, c’est à dire très peu. Le premier, Golden Boy en 2016, avait tout de la recrue idéale. Passé par le Bayern Munich et champion d’Europe en 2016 avec le Portugal, il déçoit depuis son arrivée. Avec seulement 5 matchs sous ses nouvelles couleurs dont une prestation médiocre contre l’Ajax Amsterdam, la recrue la plus chère de l’histoire du club va devoir prouver qu’il est un joueur de qualité dès son retour de blessure. Le turc Yusuf Yazici est depuis quelques temps installé dans la onze de départ de Christophe Galtier. Polyvalent et pouvant évoluer dans l’axe comme sur le côté, le meneur de jeu monte en puissance, match après match, ce qui justifie les choix du coach. Mais, son impact dans le jeu peine à faire oublier Nicolas Pépé.
Le bilan du mercato lillois est heureusement embelli par les arrivées de l’expérimenté Benjamin André et du très prometteur Victor Osimhen. Les deux joueurs ont très vite su se rendre incontournables au point d’envoyer sur le banc Loïc Rémy et Xeka. L’ancien milieu de Rennes est fidèle à lui-même: propre, agressif et intelligent. Il impressionne par son leadership et sa rage de vaincre. Justement récompensé du titre de Joueur du mois d’octobre, André franchit un cap cette saison avec le LOSC et ne compte pas s’arrêter là. Et puis, à la pointe de l’attaque, il y a celui qu’on attendait pas forcément à ce niveau mais qui est la révélation du mercato lillois. Le nigérian Victor Osimhen, âgé de 20 ans et arrivé pour seulement 12 millions d’€, fait partie des meilleurs buteurs d’Europe avec déjà 8 réalisations. Son profil correspond parfaitement aux joueurs ciblés par les dirigeants: jeune joueur à fort potentiel et très bankable. Il est sans aucun doute le meilleur joueur du club depuis le début de la saison. Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là puisqu’il a déclaré récemment « vouloir gagner la Coupe du monde avec le Nigéria »… ambitieux le gamin ! On peut d’ailleurs reprocher à la direction lilloise de penser déjà à le revendre, deux mois seulement après son arrivée, afin d’en tirer des bénéfices. En effet, il est supervisé par des grands d’Europe, de quoi donner des envies de départ au Super Eagle.
Au rang des déceptions, on retrouve le latéral gauche croate Domagoj Bradarić. Arrivé en provenance de l’HNK Hajduk Split pour 8.5 millions d’€, il ne se montre pas au niveau attendu. Ce poste occupé brillamment par Youssou Koné, l’année dernière, était pourtant un point fort du LOSC. Le défenseur central T.Djaló joue régulièrement mais ne réalise pas des performances flamboyantes. Les deux titis parisiens T.Weah et V.Postolachi brillent pour le moment par leurs absences dans le groupe, l’un pour cause de blessure et l’autre sur choix du coach. L’effectif lillois est donc affaibli par rapport à la saison dernière, ce qui pourrait porter préjudice au club et à son objectif de s’installer durablement sur le podium de la Ligue 1. Les dirigeants ont pris le parti de poursuivre leur recrutement axé autour de jeunes joueurs mais ils sont trop inexpérimentés pour la plupart. Cette méthode qui peut rapporter beaucoup d’argent a déjà montré ses limites et le LOSC devra se méfier s’il ne veut pas suivre les pas de l’AS Monaco.
Le retour dans la cour des grands, un petit tour et puis s’en va
L’attraction de ce début de saison lillois était la participation à la Ligue des Champions. Neuf ans après avoir quitté Lille, la compétition reine du football européen faisait son retour dans la capitale des Flandres, pour le plus grand bonheur des supporters. « Lille is back », tel était la bâche arborée par les Dogues Virage Est. La fête était présente au Stade Pierre Mauroy mais pas le niveau de jeu. Après quatre journées, le LOSC a déjà perdu toutes ses chances de participer aux phases finales de toute compétition européenne. Condamnés à la dernière place d’un groupe H pourtant homogène composé de Chelsea, Amsterdam et Valence, les Dogues ont montré leurs limites à chaque rencontre. Trois défaites et un match nul, la marche était donc trop haute face au gratin européen. À chaque rencontre, ils ont fait illusion le temps d’une heure de jeu mais pas plus. Malgré de bonnes intentions et des actions de qualité, les Lillois ont été rattrapés par leur inexpérience et ont, d’avantage, ressemblé à des petits chiots plutôt qu’à des bulldogs offensifs. Là aussi, les failles du mercato ont ressurgi. Seulement deux joueurs avaient déjà joué dans cette compétition: Loïc Rémy et Renato Sanches. Trop peu pour espérer faire belle figure… La profondeur d’effectif a fait défaut et n’a pas permis à l’équipe de s’investir avec qualité à la fois en Ligue 1 et Ligue des Champions.
Si l’équipe a reconquis le coeur des supporters avec son excellente saison de l’année dernière, quoi de mieux que la réception de Metz ce samedi et les 30 ans d’anniversaire des Dogues Virages Est pour se relancer et remonter sur le podium de la Ligue 1.
Hugo FORQUES